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Témoignage de Marie-T

En janvier 2009, suite à l’envoi du message «En ce temps des Fêtes» accompagné d’un vidéo de moi humoristique de moi et de mon texte «Sur le Chemin», je recevais ce témoignage de Marie-T, une de mes clientes pour qui ce message l’a aidé à traverser cette période particulière qui est douloureuse pour elle… comme pour beaucoup d’autres ayant vécu l’inceste et/ou d’autres abus sexuels, et qui n’ont plus de liens avec leur famille biologique.

 

Le 9 janvier 2009

Bonjour Blanche,

Un gros merci pour ce courriel qui est un vrai cadeau en ce temps des Fêtes! Ce temps qui est toujours difficile pour moi étant donné la solitude que je vis. Tu as réussi à me faire rire et à avoir du plaisir, ce qui n’est pas rien!

Je voudrais prendre l’occasion pour te témoigner ma reconnaissance pour l’aide et le soutien que tu m’apportes qui n’ont pas de prix. Également souligner à quel point le travail que je fais avec toi depuis maintenant trois ans est VITAL pour moi. Je souhaiterais à tout le monde d’avoir la chance de te connaître pour pouvoir vraiment guérir de ses traumatismes d’enfance, quels qu’ils soient.

Eh oui, il y a déjà trois ans de cela, en janvier 2006, j’allais te voir une première fois. Mais dans ma tête, c’était très clair. J’allais te voir UNIQUEMENT pour donner une dernière chance à la vie d’ essayer de me convaincre que tout n’était pas perdu pour moi. Que tout n’était pas sans espoir. Fait nouveau dans ma quête de thérapies: Tu avais toi-même vécu ce drame. J’avais lu ton livre. Mais malgré tout, je n’y croyais pas trop. Je ne croyais plus en grand-chose. Mon plan était fait d’ailleurs. Tout était prêt. Je pliais bagages! Ou plutôt je partais sans bagages pour des Cieux plus cléments. Après 9 ans de déchirements et de crises incessantes, ponctués d’appels à l’aide sous forme de tentatives de suicide, j’avais épuisé tous mes moyens et toute mon énergie morale et n’avais plus espoir de m’en sortir. Depuis la reviviscence des souvenirs d’inceste en 1996, j’avais vraiment l’impression d’avoir tout essayé tant du point de vue des thérapies traditionnelles (psychiatrie, psychologie avec deux approches différentes: humaniste-existentielle et cognitive-behaviorale) que non-traditionnelles (psychothérapie psycho-corporelle). J’avais fait trois séries de thérapies de groupe spécialisées dans l’inceste, à raison de 30 heures chacune. J’avais même cumulé 750 heures d’une formation théorique et expérientielle pour devenir psychothérapeute dans une approche psycho-corporelle spirituelle. Ce qui m’a aidé à voir plus clair en moi-même. Mais rien n’y faisait. Je ne dis pas que toutes ces thérapies ne m’ont pas rien apporté. Au contraire, elles m’ont aidé à survivre, et surtout à absorber le choc initial de la reviviscence des souvenirs et de la « bataille » avec ma famille qui a suivi. Mais là je stagnais. Je ne savais plus à quel saint me vouer pour que les flashbacks et les crises de panique les accompagnant ne cessent, ne serait-ce qu’une seule journée!

Je me souviens de cette première rencontre avec toi comme si c’était hier. J’ai été émerveillée, que dis-je, envoutée par l’étincelle dans tes yeux, le pétillement dans ton regard. Cette étincelle qui ne ment pas. Qui montre que tu es vraiment guérie. C’est cette seule et unique étincelle qui m’a fait revenir. Dès que j’ai commencé à te voir de façon plus régulière, il y eu un changement significatif dans la nature et la fréquence de mes flashbacks. Je sais maintenant que je peux guérir. J’entrevois le chemin même si je n’ai pas fini de le parcourir. J’ai une idée maintenant de quoi peut avoir l’air le reste de ce parcours et comment il va me mener à la guérison. Comme tu le dis, je n’oublierai jamais mes traumatismes d’enfance, mais je pourrai néanmoins vivre heureuse car ils ne m’affecteront plus émotivement. Ils ne viendront plus «parasiter» ma vie et mes relations. Je les aurai intégrés et j’aurai fait mes deuils. Je me sens déjà plus forte et mieux dans ma peau qu’avant. Je me vois évoluer à pas de géants depuis que je te vois et même si il m’arrive certains jours que je puisse le perdre de vue, l’espoir revient toujours à chaque fois que je te revois.

Merci Blanche pour avoir mis au point cette approche (APCS) qui fonctionne vraiment! Tu ne cesses aussi de me surprendre avec de nouvelles techniques ou de nouvelles façons de faire qui portent fruit. Merci aussi pour ce que tu ES, qui est un gros facteur dans la réussite du travail avec toi. Tu es un modèle de détermination, de courage et de persévérance. Tu as aussi vécu ce drame et tu t’en es sortie. Alors on ne peut pas te dire: «Tu peux bien parler, mais tu n’es pas passée par là.» Ce qui est inestimable pour moi, c’est que tu n’as pas peur de m’accompagner pour plonger dans le but d’aller revivre ces scènes horribles qui ont ponctué mon enfance. Tu me laisses vivre les émotions et exprimer les sensations physiques qui les accompagnent, car la douleur et la détresse morale intenses, ces « expériences terrifiantes » comme tu les as déjà nommées, ne te font pas peur. Tu n’essaies pas de mettre un couvercle dessus, comme tant de personnes autour de moi l’ont fait. Tu n’as pas peur car tu es toi-même passée par là. Tu sais aussi qu’il faut beaucoup de temps pour faire ce cheminement. Temps à chaque séance pour pouvoir vraiment plonger. Temps en années. Temps que tu mets à notre disposition. C’est ce qui fonctionne dans ton approche. Je la vois un peu comme une psychanalyse à long terme, sauf que le processus avec toi n’implique pas seulement le mental, mais aussi le corps, les émotions et la spiritualité. Je suis toujours surprise, lors de ces plongeons dans les souvenirs, de me voir sentir à nouveau des douleurs physiques reliées à ces traumatismes d’enfance alors que ces évènements ont eu lieu il y a de cela au moins 30 ans! Preuve que le corps se souvient de tout. Je ne conçois pas comment on pourrait guérir d’une blessure telle que l’inceste sans travailler avec le corps. Sans libérer les émotions sur lesquelles on a mis le couvercle pendant tant d’années. Et sans la spiritualité pour nous soutenir dans les moments de grande noirceur. Même si tu sais que ce processus prend du temps, tu sais aussi discerner quand ce temps dans les souvenirs ne me sert plus à guérir mais contribue plutôt à nourrir à nouveau la victime en moi. Alors tu m’exhortes gentiment à en sortir.

Pour revenir à ce que tu ES qui fait le succès de la thérapie avec toi, la liste est longue: ta présence constante et entière pendant 2, 3, ou même 4 heures d’affilée, ta bienveillance, ta transparence, ta sincérité. Ta lucidité, ta vivacité d’esprit, ta clairvoyance et ta sensibilité aiguisée (j’ai l’impression souvent que tu vois à travers moi) qui font que tu détectes rapidement quelle technique ou quel exercice va aider le plus à chaque moment. On dirait que tu les saisis au vol! Ta capacité de mettre tes limites m’apprend à mettre les miennes et à respecter celles des autres, capacité que je n’ai pas acquise du fait de la nature de mes blessures. Étonnante cette capacité que tu as maintenant étant donné ce que tu as vécu toi aussi! Merci pour ton soutien constant dans la compassion et l’absence de jugement. Merci pour la confiance que tu as toujours en mon potentiel de guérison malgré mes « rechutes ». Merci de ne pas avoir peur de me confronter à mes zones d’ombre, même si je n’apprécie pas toujours sur le moment! Car cela me fait beaucoup avancer par la suite. Et finalement, merci pour ton enthousiasme, ton sens de l’humour et ta joie de vivre qui font que ces séances avec toi, si douloureuses puissent-t-elles être, ont aussi leur grande part de plaisir, plaisir auquel j’ai longtemps cru que je n’avais pas droit. Alors vivement la danse expressive et la danse avec les lutins de Noël!

Pour terminer, je dirais ce que m’a déjà dit l’une de mes thérapeutes: «Les meilleurs guides sont toujours ceux qui sont allés en montagne». C’EST BIEN VRAI!

Marie-T.

 
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