Marie-Anne est une femme qui a vécu l’inceste paternel. Ses deux filles ont aussi subi l’inceste… par ce grand-père maternel. Nous savons qu’il y a plusieurs séquelles reliées à l’inceste, l’une d’entre elles, qu’on oublie souvent de parler… de discuter… est l’incapacité ou les difficultés reliées au travail. Marie-Anne malgré son bon vouloir, le dévoilement de l’inceste dans sa famille, l’a perturbée à un tel point qu’elle avait de la difficulté à se concentrer à son travail (Et c’est bien compréhensible!) Sans oublier son estime et sa confiance en soi qui ont été aussi ébranlés… Le contrat avec son employeur n’a pas été renouvellé… Ce fût très difficile pour elle… Une autre épreuve à traverser… Après un recul, elle décide d’écrire une lettre à son ex-employeur…
Merci Marie-Anne de nous partager cette lettre… Lorsque je lis cette lettre, je suis profondément touchée… J’ai beaucoup d’admiration pour toi, d’avoir oser te dire… et dévoiler ce drame familial à ton ex-employeur. Courage! Reprends confiance en toi et en tes capacités… Relèves-toi et fonces! JE CROIS EN TOI! Big hug!
Marie-Anne est la femme de Patrick qui a fait un témoignage en février 2004 Témoignage de Patrick . Cette famille meurtrie, vit des passage très difficiles. Je leur offre toute ma compassion. À travers les blessures qu’ils traversent… je les trouvent tellement beaux! Il faut un énorme courage pour travailler sur soi… surtout lorsqu’il s’agit d’INCESTE. BlancheXX
Lettre à mon employeur
CONFIDENTIEL
FÉV. 2004
Bonjour,
Vous ne vous attendiez sûrement pas à recevoir une lettre de Marie-Anne D »Amour, en ce début d’année, mais c’est une démarche importante pour moi.
Il serait préférable de lire ce qui suit en privé et en toute tranquillité pour bien saisir l’ampleur de mes propos. Je vous remercie d’en prendre considération. Quand vous lirez ces lignes, vous serez sûrement étonnés et peut-être même désolés, mais c’est par respect pour vous et pour moi que je le fais, sans attente aucune et surtout pour vous dire « MERCI » .
Chère Madame Lefèvre,
Cher Monsieur Tremblay,
Vous avez été, bien entendu, les premières personnes que j’ai eu le plaisir de contacter et de connaître chez DPS en janvier 2003. Votre vision de moi était bien différente lors de mon départ. Je crois que c’est cela que j’ai besoin de mettre au clair en toute franchise et en toute sincérité. C’est pourquoi, je vous écris « en main propre » la véracité et la lourdeur de mes propos. Je vous écris ces lignes avec tout mon respect et toute mon admiration pour ce que vous avez fait pour moi.
Depuis mon départ, j’ai cheminé intensément en « thérapie » et j’aimerais enfin vous exprimer ce besoin que j’ai retenu de vous dire avant de partir car les circonstances n’ont pas été propices à cette ouverture.
Voici donc, un bilan de ce que j’ai vécu intérieurement lors de mon passage parmi vous.
Je me souviendrai toujours de l’entrevue si agréable que vous m’avez fait passer, pleine d’élan et d’ouverture. J’ai ressenti la détermination d’aller découvrir tout ce que vous m’offriez avec toute mon ambition et le meilleur de moi-même. Malgré le malaise qui régnait au département et auquel, je ne m’attendais pas. J’étais décidée à apprendre. Ma formation avec « Nicole » fût différente de celle que nous avions discutée, mais je ne vous en tiens pas rigueur.
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C’est simplement « une constatation » des circonstances avec lesquelles, j’ai dû composer et qui ont diminué mon assurance et ma confiance. Je sais que cela a eu un impact sur ma réussite personnelle, bien évidemment. Je saisissais aussi que l’état de Nicole était particulier et très lourd. Pendant mon apprentissage, je l’ai souvent vu pleurer, et ça me bouleversait de la voir ainsi. Elle a fait de son mieux en dépit des circonstances, tout comme moi.
J’ai alors voulu connaître ce premier maillon de la chaîne en totalité pour prendre la relève en son absence tout en sachant que vous aspiriez me voir plutôt progresser vers le niveau T-2. Je voulais connaître ce maillon en entier et prendre de l’assurance avant d’y aller. Certains entretiens avec vous m’ont fait hésiter car j’ai alors appris que certaines personnes avaient essayé, échoué et même, dû quitter. Ce n’est pas ce que je visais, même si j’ai eu l’occasion d’essayer ce niveau quelques jours seulement vers la fin.
Il y a eu aussi l’annonce du départ de Sylvie Dallaire qui vous a surpris… Elle m’a alors initiée aux tâches complètes des dossiers fournisseurs. C’est ainsi que j’ai eu le plaisir de travailler avec Madame Jeannette Dubois. Je prenais de l’assurance. J’aspirais continuer parmi vous, et j’étais bien heureuse d’apprendre ces tâches car pour moi chaque étape a sa valeur.
J’ai créé des affinités avec certaines personnes et je sentais pouvoir progresser avec elles, car j’avais en tête de pouvoir aller jusqu’au bout et parvenir au niveau espéré. Puis… des événements « majeurs » sont venus perturber mon élan et mon apprentissage. Je ne savais pas comment vous dire toute la tristesse que je vivais. J’étais en « deuil » très particulier; devais-je vous en parler ou pas? J’étais déchirée par la tristesse et la colère des événements qui me faisaient revenir en « arrière » et m’empêchaient « d’avancer »; aussi rapidement que j’aurais voulu, parmi vous.
Voici le « vif » du sujet qui est toujours très délicat à avouer et même « tabou » encore de nos jours.
Depuis l’an 2000, je vis un drame familial qui est très lourd, et qui m’a fait suivre une thérapie avant d’arriver parmi vous. Au printemps 2003, dans la même période où Nicole Matte est partie en « catastrophe »… ce drame a aussi refait surface.
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Après le dévoilement familial en janvier 2000, une autre personne qui a eu le courage d’aller consulter en thérapie, venait de découvrir qu’elle était aussi une « victime » de l’inceste de « mon père »… Le choc est énorme pour toute la famille car ma mère en aurait eu connaissance, cette fois-ci en voyant les draps le lendemain matin. Ce qu’elle nie entièrement car elle n’a aucun souvenir de cela. C’est l’enfer!… Un autre « deuil moral » à faire et c’est déchirant! Ces deux situations me bouleversaient et je ne voulais pas vous importuner avec cela; j’aurais peut-être dû car aujourd’hui je réalise que l’impact de ce drame drainait mon énergie, malgré mon bon vouloir, et il influençait mon élan et mon potentiel.
Je ne cherche pas d’excuses… Je vous exprime simplement le stress que je vivais à ce moment. J’avais peur et je ne savais pas qu’elle serait votre réaction face à tout cela. Vous étiez ce beau rayon de soleil qui me poussait à me dire: « persévères… accroches-toi… n’abandonnes pas…» Ce fût très difficile à gérer et « l’inceste » est la pire chose qu’une famille puisse vivre car c’est l’éclatement du noyau familial malgré nous. Le plus difficile, c’est de briser le mur du silence et l’engrenage du pouvoir destructeur qu’engendre « l’abus sexuel ». C’est en les dénonçant , en posant des gestes concrets en justice, en thérapie et en société que l’on peut « intégrer ses blessures », et s’en libérer avec le temps.
Je crois que chaque « victime » fait preuve de courage et de détermination pour se libérer de ses séquelles. C’est aussi pour « me libérer » et montrer à mes enfants le droit chemin et que la réussite est aussi pour ceux et celles qui ont un vécu de tels abus, et que l’important… « c’est de se relever » et de croire en son potentiel de guérison. Pour alors arrêter de « survivre » et enfin en arriver à « vivre », et à s’épanouir de nouveau dans la vie.
Cet élan que je l’ai eu en arrivant chez DPS, même si la marche était haute (après 12 ans); je voulais de tout mon coeur y arriver et avancer! Retrouver mon potentiel, mon autonomie, mon épanouissement et mon accomplissement au sein d’une belle et grande entreprise comme la vôtre.
La vie me faisait un beau clin d’oeil en entrant chez vous et quel gentil coup de pouce, vous m’avez donné. Cependant, la vie m’a aussi rappelé à l’ordre car… « ce privilège », il faut « le mériter », et votre décision envers moi, le prouve bien. Je la respecte et comprends bien votre décision de gestionnaires hors pairs. En dépit des circonstances vécues et du grand stress occasionné, mon défi était de taille. Je sais que j’ai réussi à franchir
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un grand pas avec vous, même si j’éprouve un sentiment d’échec car je n’ai pas pu répondre à toutes vos attentes avant mon départ. J’ai vécu des moments « très heureux » parmi vous, les « seuls positifs et valorisants » depuis l’an 2000, puisque notre vie familiale et nos projets en fûrent bouleversés entièrement! Je me suis aperçue que mon vouloir y était mais que mon pouvoir était freiné par ce drame qui remontait à nouveau et qui me prenait tant d’énergie. J’étais en « colère » et « brisée » de ne pouvoir faire mieux. J’étouffais…!
J’ai alors débuter une nouvelle thérapie en mai-juin pour me libérer autant que possible avant l’été dernier pour ensuite reprendre en septembre 2003. Je me sentais envahie par cette situation. J’éprouvais le besoin de m’en libérer et j’ai envisagé la possibilité de vous en parler quand vous êtes venus nous aviser que Monique St-Gelais serait absente toute la semaine en raison du suicide d’un ami. Elle était bouleversée et avait peur de perdre sa place pour cela. Vous avez aussi mentionné M. Tremblay, être ouvert à de telles situations, et si nous traversions quelque chose de semblable de vous en faire part. J’ai alors compris que je ressentais cette même peur et qu’elle m’avait empêchée d’agir depuis le début.
Je me suis donc décidée de vous en faire part au retour de vacances de Madame Lefèvre, car je savais que je ne pourrais le répéter deux fois… Mais j’ai dû quitter hâtivement avant son retour. Ce fût pénible de partir et de quitter des collègues si merveilleux. Mais le plus difficile à vivre fût que pour la première fois de ma vie… je décevais mes employeurs! C’est ce que j’ai ressentie… J’ai peut-être été maladroite, mais j’étais pleine de bon vouloir malgré la pression que je vivais… J’ai dérapé… Est-ce irréparable, impardonnable? Car j’ai compris que le principal est de pouvoir vous donner ce que vous méritez!
Je savais que je tombais de haut en revenant à la maison. Je me sentais humiliée car j’avais échoué comme un imposteur qui vous a vendu un « faux trésor » et ce n’est pas mon style, ni mon intention surtout! C’est cela que je veux éclaircir aujourd’hui. La plus déçue, c’est sûrement moi, car je n’ai pu être à la hauteur de vos attentes, et j’en suis profondément peinée et surtout blessée, car c’est ma réputation qui est ternie, n’est-ce pas? J’aimerais bien savoir ce que vous en pensez vraiment.
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Alors je continue « intensivement » ma thérapie depuis mon départ et ces aveux en font partis. C’est mon besoin et mon choix de vous le dire. Affronter sa vraie réalité… c’est aussi avancer. Même si je me sens bien « petite » aujourdhui, sachez que mon passage parmi vous, fût un « grand bonheur», un « grand défi » relevé à mes yeux car tout ce que j’ai appris, j’ai pu le mettre en pratique, et ce fût surtout un baume sur cette profonde blessure.
Aujourd’hui, j’aimerais vous dire « MERCI » du fond du coeur de m’avoir donné le « privilège » de vous connaître tous. « MERCI » pour tout ce que vous m’avez apporté, c’est plus qu’un travail formidable et un salaire. Croyez-moi! C’est aussi la connaissance de deux « employeurs » pleins de chaleur humaine, d’ouverture et de confiance. J’ai aussi vu en vous, deux « êtres » de lumière surtout… C’est ce que vous dégagez pour moi. Vous êtes de beaux modèles de force, de droitures, d’équilibre et de réussite… C’est cela que vous m’inspirez et c’est un bel exemple à suivre! J’y ai aussi fait de belles connaissances. J’ai eu le plaisir de créer des liens avec certaines personnes merveilleuses. J’ai été touchée car elles ont su m’écouter et me supporter après mon départ. Mais j’ajouterais que c’est avant tout une grande leçon de vie! Car on ne peut briller dans le firmament, si on est qu’une « étoile fillante… » alors faites un voeux: celui de « me relever » et devenir un être meilleur pour trouver le chemin de la réussite.
Merci de m’avoir lu. Merci à vous Madame Lefèvre et à vous Monsieur Tremblay. Je garde de vous un beau souvenir et vous serez longtemps dans ma mémoire car «les grands on ne les oublient pas»!
Aurevoir, avec tous mes respects.
Marie-Anne D’Amours
Je vous invite à lire le Témoignage de Patrick, l’époux de Marie-Anne.