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Témoignage d'Anick

 

 

 

THÉRAPIE INTENSIVE

 

Août 2013

Avec courage, Anick ose se mettre à nue devant vous.  Elle vous dévoile sa douleur, sa colère, son désir de vengeance, son plaisir sexuel, sa confusion, sa honte, son dégoût, sa peine, mais surtout, sa PERSPICACITÉ face à son CHEMINEMENT PERSONNEL et la FOI en ses POTENTIALITÉS.

Elle dit: « Mon seul but est de partager ce cheminement pour aider/inspirer les autres.  C’est vraiment pour cela que je le fais. »

Anick fait un travail remarquable!  À travers la vulnérabilité, l’humilité, l’authenticité, le lâcher-prise et la conscience, et ce, sans aucune censure, elle s’investit au maximum pour se réapproprier de sa vie, devenir libre de toute entrave de ce lourd passé.  Elle a toute mon admiration! Car ce qu’elle accomplit… est un « NOBLE TRAVAIL ». Toutes les deux, nous faisons VRAIMENT une BONNE ÉQUIPE! L’alliance thérapeutique est forte, intègre et sacrée.  Le travail thérapeutique se définit ici comme un « travail de collaboration ».  Nous travaillons ensemble, main dans la main, vers un même but.

Ceci est un TÉMOIGNAGE-CHOC provenant d’un travail organique, brut qui se déploie pour dénouer les blocages, permettre un travail énergétique afin de réhabiliter notre nature originelle, laisser émerger le dynamisme de vie en soi et se laisser transporter vers une re-naissance.  Prenez le temps de le lire… en respirant et en écoutant votre propre corps, ce qu’il a à vous dire… à vous révéler de votre propre histoire. Une proposition: prenez soin de mettre votre journal personnel près de vous pour y déposer ce qui vous habite au fur et à mesure, durant la lecture.

POUR UNE RECONSTRUCTION EN PROFONDEUR, IL EST NÉCESSAIRE DE FAIRE FACE À SA VÉRITÉ TELLE QU’ELLE EST… PAS COMME ON VOUDRAIT QU’ELLE SOIT…

 

Août 2013

Je suis encore sous le choc… Toute cette colère, cette agressivité, cette violence, ce désir de vengeance en moi. Je suis sous l’onde de choc d’avoir traversé cela, comme cela… avec aplomb, avec assurance, avec sobriété aussi… sobriété non pas dans le ton ou les paroles, mais sobriété dans le sens d’accueillir ce qui se présentait sans le repousser, ni l’amplifier… juste comme c’était… suivre le fil de ce qui se présentait à moi, en moi. Sous le choc d’avoir osé aussi, sous le choc du calme qui me pénètre en ce moment, peu de temps après des secousses de cette ampleur.

Toute la journée, j’ai eu envie de poursuivre le travail de libération de colère commencé la veille… Toute la journée, j’ai attendu qu’on fasse de l’IMO (Intégration parles Mouvements Oculaires). Non pas qu’on perdait notre temps, au contraire, je vois bien maintenant qu’on mettait la table… Je fais totalement confiance à Blanche et je sais qu’elle ne parle pas pour rien dire, que tout ce qu’elle dit ou fait à sa raison d’être à ce moment-là… Mais je vivais quand même une certaine impatience…

La veille, j’étais entrée dans un espace où je parlais à ma mère à travers Blanche. Nous étions assises par terre, face à face et je voyais ma mère devant moi, même si je savais que c’était Blanche. Et je lui disais tout ce que j’ai toujours voulu lui dire des abus sexuels qu’elle m’a fait vivre. Je décrivais tout ce que je lui faisais subir (de façon symbolique), les coups de poignards dans le cœur, les seins arrachés… et je criais et je pleurais à travers cela. Et le pire supplice pour moi, c’est de la voir là, entre mes cuisses, sa langue sur ma vulve, et de sentir la furie de lui faire éclater la tête… Parce qu’elle m’agressait, mais aussi parce qu’elle ne me donnait pas tout le plaisir que je voulais, parce que je touchais, l’instant d’une seconde la frustration sexuelle… avec ma mère… et j’avais envie de lui crier…

-TU VAS RESTER LÀ JUSQU’À CE QUE JE JOUISSE, MA CALICE… Et je me voyais lui tenir la tête entre mes cuisses et espérer à mort plus de plaisir…

Mais je n’ai pas été capable de lui dire cela… trop de honte, trop de culpabilité, trop de colère et de mépris envers moi-même… Pour moi, c’était ça le gros noyau de cette intégration, c’est de sentir ce que j’appelle la furie ; ce mélange de besoins sexuels, de compulsion et frustration sexuelle, de colère, de vengeance et d’exigence d’avoir du plaisir… Et oui, j’ai 15 ans, ma mère est entrain de m’agresser sexuellement et pour un instant, j’exige plus de plaisir! C’est difficile à prendre, difficile à accueillir… mais en même temps, c’est ça qui est là… Je sens depuis quelques temps que je dépose les armes en moi, je cesse de me battre contre ce qui a été… Je vois que c’est bien réel.

Cette nuit-là, j’avais rêvé qu’on reprenait le même exercice et que je laissais encore plus aller ce que je voulais lui dire. Je me voyais pleurer et crier en même temps, tellement que j’en postillonnais sur Blanche. Dans mon rêve, je me voyais alors prendre un mouchoir pour essuyer son visage et ensuite, je continuais à dire à ma mère tout ce qui me donne mal à la gorge depuis quelques jours… De retour chez Blanche pour ma thérapie intensive, j’avais donc hâte de replonger dans ma colère de la veille pour aller encore plus loin cette fois-là comme je l’avais rêvé…

On était l’après-midi et la journée ne se passait vraiment pas comme je le voulais. C’était ma dernière journée de thérapie intensive, avant de retourner travailler la semaine suivante… il n’y avait donc pas de temps à perdre… j’avais une guérison à accomplir, moi! Maintenant, je vois que tout était parfait et qu’il me fallait tout ce temps-là pour préparer le travail intense que j’allais accomplir dans la dernière heure de la journée.

Il reste moins d’une heure à la journée. Blanche s’installe devant moi, dans sa position de Bouddha. Nous choisissons une musique, je respire et je la regarde dans les yeux. Je sens la colère qui gronde, je la sens monter. Elle n’était pas loin. Je me dis: «N’oublie pas de respirer, de rester connectée avec le cœur et de dire tout ce qui se passe en toi… »

-Je ne sais pas par où commencer. Je me souviens ce que tu m’as partagé ce matin, c’est comme ça que je veux parler, c’est ça qui hurle en moi.

Mais je ne veux pas faire comme les autres fois où je me défoulais avec mépris ; je veux rester centrée sur mon cœur, lui crier ce que mon cœur a envie de lui crier… oui, c’est ça, choisir de laisser mon cœur lui crier sa rage, sa peine, son dégoût, sa confusion… même si ça m’amène dans ma peine et mon désespoir, même si ça m’amène à pleurer. Oui, pleurer devant ma mère… arrêter de serrer les gencives et de froncer les sourcils et laisser couler la rivière… mais je ne savais pas que j’allais aussi sentir couler entre mes cuisses…

Je commence à taper du pied, comme un taureau qui piaffe d’impatience de partir à l’assaut. Je m’assois sur le bout de la chaise, le dos bien droit. Pendant 5 bonnes minutes, je m’encourage à émettre un son, commencer à parler, lui dire qu’elle est une salope.

-Je sens du jus sortir de ma vulve. Je vois ma mère, elle a le visage entre mes cuisses, elle me lèche la vulve. Je sens ses coups de langue. C’est frais et chaud en même temps. Je sens le rugueux, le râpeux de sa langue.

-Salope. SALOPE. Je crie et je pleure. AAARRGGHHH. Arrrgh.

Ensuite, je rote pendant 10 bonnes minutes…. Je suis incapable de parler, trop occupée à faire sortir les rotes qui se bousculent le long de mon appareil digestif, depuis mon bassin jusqu’à ma bouche. Je dois bouger le bassin pour débloquer les bulles de rotes qui veulent sortir.  (Les rotes sont signe d’intégration dans ce travail en profondeur.)

-Je me sens toute bizarre. Je sens un marshmellow dans mon cerveau, j’ai un marshmellow à place du cerveau. MAMAN, TU M’AS MIS UN MASHMELLOW DANS LA TÊTE. Je sens l’ambiguité de notre relation quand elle est proche de moi. Je sens l’attirance et la répulsion. Je sens mes besoins de tendresse, de caresse. Je sens mes besoins sexuels, je sens que j’ai envie d’être près d’elle, d’être collée sur elle. Ces mots brûlent ma gorge au passage. Je sens l’ambiguité parce que je l’aime cette ambiguité-là. À quelque part, cette ambiguité-là m’arrange. En disant ces mots, je saisis que le pire dans ces agressions de ma mère, c’est la partie en moi qui avait des besoins sexuels et qui était bien contente que ma mère les assouvisse.

-Je suis un peu contente d’avoir un marshmellow dans le cerveau, je ne serais pas capable de dire tout cela si il n’était pas là… Je me sens comme dans un autre état. C’est bizarre.

-Je vois mon frère. Je suis remplie de mépris pour cet adolescent. Il a le visage froid et glacial, la machoire carrée. Il est dégueulasse, T’ES DÉGUEU AVEC TA FACE DE BOUTONNEUX LAID. Je sens des douleurs dans mon anus. Je le vois en train de me sodomiser. Je sens une plaque métal dans mes reins.

-Je vois des doigts, ce sont les doigts de Papa, je les reconnais. Je sens une pointe de douleur dans mon nombril, comme si on m’introduisait une tige de métal par le nombril. Je sais que Papa a inséré ses doigts dans mon vagin. VA T’EN GROS CON, VA T’EN.

Je repars pour une nouvelle séance intense de rotes profonds. Je me tais et j’accueille le fruit de mon travail… À un moment, je me lève debout pour shaker mon corps, les rotes ayant besoin d’aide pour se frayer un chemin de mon bassin vers ma bouche.

Je me vois dans une autre mémoire. C’était un party que mes parents avaient donné, il y a plein de monde, ça pue la cigarette.

Je vois mes parents nus et enlacés sur un fauteuil du salon.

Je cris!

-Allô ? ALLÔ ? ALLÔ ?, y’as-tu quelqu’un qui va se rendre compte que ce n’est pas normal ? ALLÔ ?

Je me mets à pleurer, je veux pas voir ça. ALLEZ-VOUS EN DANS VOTRE CHAMBRE.  JE VEUX PAS VOIR ÇA. JE NE SUIS PAS SUPPOSÉE VOIR ÇA. Je vois mon frère à côté de moi, on fait vraiment pitié !

Je vis du désespoir, je suis au bout du rouleau, je suis fatiguée.

-Laissez-moi tranquille tout le monde, LÂCHEZ-MOI, LÂCHEZ-MOI. Laissez-moi tranquille.

Je vois maintenant Mon Oncle Untel, un de mes agresseurs. C’est difficile de me lever devant lui, mais j’ose.

-LAISSE-MOI TRANQUILLE GROS CON. Tu penses que tu passes inaperçu hein, tu penses que je ne devine pas tes pensées, que je ne vois pas tes yeux. T’ES DÉGUEU AVEC TA BOUCHE TOUTE MOUILLÉE QUI SOURIT DE DÉSIR POUR UNE ENFANT. JE SUIS UNE ENFANT GROS CON, UNE ENFANT. ENVOIE-MOI EN DONC UNE AUTRE MISE EN DEMEURE, JE N’AI PLUS PEUR DE TOI. (Il m’avait envoyé une mise en demeure quand j’ai brisé le silence dans la famille sur ce qu’il avait fait, il me demandait de me rétracter sinon il m’accuserait d’atteinte à la réputation. Je ne m’étais pas rétractée, il n’a jamais mis ses menaces à exécution.)

J’ai envie de lui dire comment je me suis sentie quand il m’a agressé… mais j’ai peur d’être vulnérable. Je ne veux pas pleurer devant lui, je veux rester forte. Je m’entends me répondre tout doucement :

-Mais non ma belle, c’est ok. Tu es dans un cadre sécuritaire, tout va bien. Dis-lui comment tu t’es sentie, dis-lui, remets-lui ce qu’il t’a fait subir.

-TU LE SAIS-TU COMMENT JE ME SUIS SENTIE ? Mes larmes coulent à travers mes dents serrées et je reste forte et digne, debout devant lui, finalement. TU LE SAIS-TU COMMENT JE ME SUIS SENTIE DANS LE BAIN, QUAND TU M’AS REGARDÉ ? COMME UN MORCEAU DE VIANDE GROS CON, UN MORCEAU DE VIANDE ! JE SUIS UNE ENFANT GROS CON, UNE ENFANT… SI TU PENSES QUE JE NE L’AI PAS VU L’ÉTINCELLE DE DÉSIR DANS TES YEUX… Peut-être que les autres ne voient pas qui tu es vraiment, mais moi, je te vois. T’AS ÉJACULÉ ENTRE MES CUISSES GROS CON… GROS CON… T’AS ÉJACULÉ ENTRE MES CUISSES, JE DORMAIS MOI, JE DORMAIS. LAISSE-MOI TRANQUILLE, VA-T-EN.

Je vois maintenant un autre homme qui m’a agressé pendant cette fête-là. Je le vois dans les escaliers, là où il m’a touché.

-Et puis toi mon gros câlice, je vois tes yeux, je vois ta bouche et ta moustache de dégueu. Je vois tes pensées. JE LES VOIS LES PENSÉES QU’IL Y A DANS TA BOUCHE. JE SENS TA LANGUE DANS MON COU. LÂCHE-MOI. Pendant que je crie, je sens le dégoût qui monte de mon bassin tout le long de ma colonne, comme des décharges électriques qui me traversent le corps de haut en bas. Je me tortille sur la chaise, mon corps devient croche, mais je respire et je reste droite, fière et digne en moi.

-VA LICHER QUELQU’UN D’AUTRE, VA REJOINDRE MAMIE. Je me mets à pleurer, c’est avec elle que tu devrais faire ça, pas avec moi. AAARRRRGH, VA LICHER QUELQU’UN D’AUTRE.

L’image de ma mère revient, je n’ai plus envie de continuer. Je pense proposer un arrêt à Blanche, nous pourrons reprendre une autre fois. Je m’entends me répondre tout doucement:

-Mais non Bella, tu es encore capable de continuer, ça va bien, tu es dans un cadre sécuritaire, tu sais à quel point c’est puissant, libérateur, guérissant et primordial pour toi d’exprimer tout cela… Asteur que tu es rendue jusque là, va jusqu’au bout de ce que tu peux faire aujourd’hui… tu sais bien qu’après la traversée, ça ira bien…

Je décide de poursuivre. Ce que je vois est horrible.

-Je vois ma chambre à Laval, j’ai 15 ans, je suis en position demi-assise, je m’accote sur les bras derrière moi. J’ai les genoux relevés, les cuisses ouvertes. Je vois les cheveux de ma mère, sa tête entre mes cuisses. Je me mets à pleurer. Je sens de la chaleur fraiche ou de la fraicheur chaude sur ma vulve. Je sens la lubrification. Y’a un combat en moi. J’AI ENVIE DE CRIER NOOON, J’AI ENVIE DE CRIER NOOOON ET EN MÊME TEMPS, J’AI ENVIE DE CRIER OUI… J’AI ENVIE DE CRIER NOON ET EN MÊME TEMPS, J’AI ENVIE DE CRIER OUI… Je me vois fermer les yeux et basculer la tête vers l’arrière, comme une femme qui se laisse aller dans le plaisir qu’elle reçoit… Mais c’est ma mère qui est là CRISS… C’EST MA MÈRE QUI EST LÀ… J’ACCEPTE LE PLAISIR QUE MA MÈRE ME DONNE… ARRRGH. Je pleure ce désespoir, ce déshonneur, cette impuissance à ressentir ce qui se vit en moi.

Et une pensée dans ma tête que je n’ose pas dire tout haut, devant ma mère et devant Blanche… « Ben là, je ne suis pas pour avoir un orgasme ici, comme ça… ben non… »

-T’ES PAS SUPPOSÉE ÊTRE LÀ SALOPE, T’ES PAS SUPPOSÉE FAIRE ÇA. T’ES MA MÈRE. JE T’HAÏS SALOPE POUR TOUT CE PLAISIR QUE TU ME DONNES, JE T’HAÏS. Et je te vois, là maintenant, avec ton petit sourire de satisfaction… ta satisfaction de m’avoir donné du plaisir, JE T’HAÏS SALOPE. SALOPE! Je crie, je hurle, je pleure… tout est à la fois mélangé et très clair.

-JE NE SAIS PAS SI JE SUIS PLUS EN COLÈRE APRÈS TOI OU APRÈS MOI… À un moment, j’ai arrêté de me battre contre ce qu’il y avait en moi… J’ai arrêté de résister et j’ai juste pris ce plaisir-là… J’ai accepté de basculer avec toi. TU AS TOUT GÂCHÉ SALOPE, TU AS TOUT GÂCHÉ. ARRRRGH, ça m’arrache la gorge.

Je vois mon père devant moi.

-Regarde-moi, je sors mes ongles, je mets des lames d’acier à la place, je te prends le pénis et les couilles, je sers en rentrant mes ongles et je twiste pour te l’arracher. AH AH AH, j’ai un rire démoniaque. Je profite pleinement de cet instant où c’est moi qui suis plus forte, c’est moi qui ai le contrôle. J’ai voulu cette vengeance depuis tellement longtemps. J’ai le nez retroussé, les crocs sortis, les sourcils froncés et en pointe, les doigts en position pour griffer. J’ai le visage d’une affreuse sorcière hideuse. À cet instant, je prends conscience de toute cette «hideusité» en moi et j’éclate en sanglots.

-Je suis hideuse, je vois toute mon «hideusité», ce n’est pas moi ça, ce n’est pas moi. Je ne suis pas comme ça.

Je retrouve un apaisement en moi, mais je me rends compte que je suis dans l’apaisement que m’a procuré l’espoir d’une vengeance. Pendant toute mon enfance et mon adolescence a grandi un jardin secret en moi dans lequel j’attendais les moments où je pourrais me venger de mes agresseurs. L’espoir de la vengeance à venir était la seule source d’apaisement de ma colère à cette époque. Je sais aujourd’hui que cet apaisement était illusoire, mais plus jeune, c’était mon havre de repos, le seul endroit où je me sentais en sécurité, mon seul point de repère.

-Tu ne perds rien pour attendre mon maudit. Je me sens dans mon désir de vengeance. Je ne sais pas quoi faire pour en sortir. Je continue de voir mon père devant moi et je reste accrochée à la rancœur. Je me rappelle alors de respirer dans mon cœur, de laisser mon cœur s’ouvrir mais je n’y arrive pas seule.

Blanche voit bien que je suis bloquée, elle s’approche de moi et prend mes mains dans les siennes. Je sens sa présence maternante. Ça fait du bien. Je vois une image de moi se détacher de mon visage pour aller l’embrasser. Ce n’est pas la première fois que cela arrive, mais à cet instant je saisis ce qui se vit en moi. Les seules fois où j’ai eu cette proximité avec ma mère, cette tendresse, ce regard aimant, il y avait toujours un moment d’ambiguité entre nous où cela basculait dans une sensualité malsaine puis une sexualité malsaine incestueuse. C’était donc automatique pour moi de basculer là-dedans quand je sentais de Blanche cette présence maternante. C’est grâce à sa droiture, à son professionnalisme et à la certitude qu’elle ne fera jamais rien de déplacé que je pourrai continuer de me défaire de cet automatisme malsain.

Après avoir fait du travail énergétique avec mes mains dans les siennes, elle dépose sa main sur mon chakra du cœur. Je sens une tristesse, mais je ne pleure pas. Ensuite, elle tapote mon 3e œil, je me mets à rire…

-Ouais, je suis vraiment bloquée… et je ris du ventre jusqu’à basculer dans les pleurs. Mon cœur qui était resté coincé avec de la rancœur depuis plusieurs minutes débloque enfin. Elle dépose sa main sur ma tête. Je me sens baptisée à nouveau. Plus Blanche déplace ses mains sur mes autres chakras, plus je sens l’apaisement de la Lumière qui prend Sa place dans mon corps. Ça fait du bien. Je pleure de gratitude pour cette bénédiction.

-Blanche, j’aime ça quand tu m’amènes dans ton pays.

Après tout cela, je me sens neuve, je me sens bénie, je me sens calme et posée. J’ai la voix calme et grave. C’est léger en moi. Je me sens reposée comme après une nuit de sommeil, on est au petit matin, la vie est pleine de possibilités et je suis prête… On ne dirait pas que je viens de crier et pleurer pendant 1h30. Sortie de sa salle de travail, je me vois dans le miroir. Mes yeux sont clairs, couleur or. Wow. C’est un beau cadeau après tout ce travail.

Anick 

                                                                                                  

 

 

 

 

 
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