GARDER L'ESPOIR
Comment vaincre la solitude intérieure? L'ACCEPTER... L'EMBRASSER...
JE SAIS… que pour plusieurs, le TEMPS DES FÊTES est une période difficile empreint de SOLITUDE où nous sommes supposément être en famille pour CÉLÉBRER…
Il est fréquent que les personnes qui ont vécu l'INCESTE se retrouvent seules... Qu'on le veuille ou non... c'est bien une RÉALITÉ... qui nous frappe en plein visage... en plein coeur...
Je me rappelle bien… d'avoir vécu ces moments de solitude qui font mal jusqu’au plus profond de nos entrailles… En traversant cette douleur en conscience… en en respirant dedans... en l’embrassant… nous pouvons TRAVERSER et ACCÉDER à une PAIX INTÉRIEURE. Le premier pas dans cette direction… est d’ACCEUILLIR ce qui EST… en VÉRITÉ… et nous sentons alors doucement un bien-être nous habiter… et une lueur d’ESPOIR se pointer… Évidemment, il y a eu plusieurs moments où j'ai dû apprendre pas à pas... à faire face à ces moments difficiles pour me détacher de la dépendance affective ou de « l'attachement pathologique à la famille1» dans laquelle j'étais enchaînée...
Je vous partage l'un de ces moments... Cela se passe le 24 décembre 1988. J'ai alors 27 ans. Je suis monoparentale avec 2 filles. Elles sont en visite chez leur père. Moi, je suis chez mes parents avec mes soeurs et frères pour le Réveillon de Noël. Notre soeur cadette est décédée à l'automne. Il règne une triste ambiance. Je leur dis alors qu'il est normal d'être triste et de l'exprimer. Un conflit éclate... Ma mère m'accuse d'avoir brisé le party... Elle est en colère contre moi... J'ai les larmes aux yeux. J'ai mal au plus profond de mon âme. Je décide de partir... Personne ne me retient... Je déneige la voiture. Il fait toute une tempête... Tout au long de la route, je pleure à en fendre l'âme. Finalement arrivée à mon appartement, je me sens toute brisée en-dedans... découragée... Je décide d'aller à la messe de minuit. Dans l'église, toutes les familles sont rassemblées pour célébrer ensemble... Et moi, je me retrouve seule dans ce lieu où je ne connais personne. Je me sens abandonnée... rejetée... non-aimée... Je demande à Dieu de m'aider à passer au travers ces pénibles souffrances. La messe terminée, je descends au sous-sol de l'église où il y a une soirée pour les personnes seules. Je demeure solitaire dans mon coin. Des bénévoles tentent d'entrer en communication avec moi. IMPOSSIBLE! Je suis incapable de parler... Ma douleur est trop vive... Je retourne donc à l'appartement en pleurs... Je sors mon journal personnel... J'écris.... Je dessine... J'exprime pour libérer cette douleur lancinante qui me traverse le coeur... en toute conscience... Je m'endors en pleurant. Le lendemain, j'ai mal dans tout mon corps. Je suis en contact avec les abus sexuels subis dans le passé... Mon père ne sais pas que j'ai retrouvé la mémoire... Je me sens incapable d'avoir des relations sexuelles... J'ai trop peur de me faire posséder... qu'on abuse de moi... Pourtant, je veux tellement guérir... Qu'il est difficile de vivre ces réalités. Le 31 décembre, mes filles reviennent à la maison. Je suis contente qu'elles soient près de moi. Leur présence m'aide à vivre le rejet et la solitude que je ressens face à ma famille. Malgré tout, je prends soin d'elles et j'organise un petit party juste pour nous trois. Collées l'une contre l'autre sur le sofa, nous mangeons des friandises, et nous écoutons la télévision... le BYE BYE 1988. Je respire... et j'accueille tout doucement ce qui m'habite... En même temps, je me sens déchirée face à ma famille... en même temps, je sens l'amour palpiter en moi face à mes enfants. Je perçois aussi l'amour qu'elles me portent... J'ai de la tristesse... et j'ai de la joie au cœur... Comme par enchantement quelque chose se transforme... Une paix intérieure s'installe... Je me sens heureuse malgré la douleur qui m'habite.... J'accueille ma douleur de façon paisible... tout simplement... Être là SEULE AVEC MES FILLES en CONSCIENCE... je vis le PLUS BEAU CADEAU que j'ai pu recevoir de toute ma vie.
Lorsque nous nous arrêtons vraiment... que nous prenons conscience de notre réalité... que nous prenons le temps de respirer dans notre vérité... comme par enchantement nous trouvons la force de traverser ces pas-sages nécessaires.
1LANDRY, Blanche. Le secret de Blanche, Éd. de l'Homme, Montréal,1999.