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Témoignage de Onora

 

Le 14 mars 2004

Bonjour,

J’ai pas encore 20 ans et je suis déjà lacée de cette vie, de cette société… Les mots qui sont écrient sur cet écran ne sont jamais sortie de ma bouche, c’est pourquoi je l’ai écris sur des sites comme le tien pour crier mon mal de vivre, pour que quelqu’un sache comment je suis malheureuse sur cette putain de terre.

Tout d’abord, j’ai toujours eu une vie assez mouvementé ( depuis mon plus jeune âge ), car mon père est un homme génial mais comme beaucoup de personnes, avec aussi des défauts. Quand il y a quelque chose qui le contrarie, ou tout simplement un raz le bol, et bien il se met à boire, et du coup il n’y a plus aucune vie de famille. Disputes, reproches et injures sont notre quotidien.

Pour ma part, il me faisait aller lui acheter des bouteilles et bien sûr, j’avais qu’à me taire. Quand je lui refusais, il me faisait du chantage affectif et suicidaire. Ça arrive encore, mais c’est plus rare. Mon grand frère a aussi sombré dans la drogue à une partie de sa vie. Il a fait plusieurs séjours à l’hôpital et aujourd’hui il s’en est sortit. Mais ça a été très dur pour toute la famille.

Je tenais à joindre cette partie de mon histoire dans ce témoignage, parce que j’en ai beaucoup souffert et encore aujourd’hui. Car sa fait très mal de voir sa famille se détruire. Pour parler de moi, et bien il y a eu une période de ma vie ou j’avais de mauvaise fréquentation. C’est là que tout a commencé.

Ce soir là , j’avais mentis à mes parents pour pouvoir aller à cette soirée, j’avais dis que je dormais chez une copine. C’est à cette soirée que je suis tombée sur cette ordure qui me pourrit mon corps et ma vie depuis 6 ans et 2 mois. Ce n’est pas ce soir là qu’il m’a pris tout ce que j’avais de pure mais, par la suite. Il s’est approprié mon numéro de téléphone, s’est renseigné de beaucoup de choses concernant ma vie auprès de Jessica ( mon ancienne amie) et après, le cauchemar a commencé. Il n’arrêtait pas de m’appeler sur mon portable, et si je ne décrochais pas, il faisait sur le fixe. Il me disait que ça pourrait être bien tous les deux, qu’on pourrais faire plein de belles choses ensemble… Et moi à chaque fois, je l’envoyais sur les roses, j’étais même assez blessante dans mes propos. Du coup il s’énervait, et je me souvient de cette phrase qu’il me répétait sans cesse «  De toute façon j’obtiens toujours ce que je veux  » La première foi qu’il me la dit, s’était à cette soirée, mais ce jours là j’avais réussi à m’enfuir.

Un jour, il s’est pointé à mon arrêt de bus et m’a bien fait comprendre que si je n’étais pas très gentille avec lui, il serait très méchant avec tous ceux que j’aime. Ce jour là, j’ai eu très peur, mais je ne voulais pas croire ce qu’il avançait. Jusqu’au jour ou il a frappé sur mon grand frère avec ces connards de potes, et à démolit toutes les vitres, serrures de sa voitures. Le jour ou il a cassé la gueule à mon frère, il m’a appelé le soir et il riait, il me demandait s’il était pas plus beau comme ça. Il me disait que ce n’était que le début, et que si je voulais qu’il arrête, je n’avais qu’une chose à faire, le rejoindre chez lui. A ce moment là, j’ai su que je n’avais pas d’autre solution, parce que je ne pouvais pas parler, j’avais déjà honte que mon frère est pris à ma place et de plus si je n’avais pas menti à mes parents pour aller à cette soirée et bien je n’en serais peut-être pas là aujourd’hui. Quand à mon frère, il a toujours cru que ces mecs qui lui avaient refait le portrait et bousillé sa caisse, s’était un règlement de compte à cause de la drogue. Je me suis posée tout un tas de question, c’était le bordel total dans ma tête, je me sentais démuni face à tout et tout le monde, mais je savais une chose, c’est que je n’avais pas le droit de le laisser faire du mal à mes proches. Alors, j’ai décidé d’aller chez lui, mais encore bien naïve, je pensais qu’après avoir eu ce qu’il voulait ça se serai arrêté là. Je pensais que peut-être que si on parlait j’aurais pu y échapper, mais non. Depuis cette première foi, sa ne sais jamais arrêté, et à chaque foi c’était pire, il m’a forcé plusieurs foi à prendre de la drogue, quand je le repousse, il me frappe. Entre les coups de ceinture, les brûlures de cigarettes, la tête contre les mûrs, les coups de poings, les coups de pieds…mon corps ne ressemble plus à rien. Il est salit et marqué à jamais tout comme mon âme. Quand je le menace de tout balance sur tout ce qu’il m’inflige, il me dit que si je tien à ma famille, mes amis et à ma vie, je ne prendrais pas un tel risque aussi stupide comme il me dit. Je suis entièrement soumise et impuissante face à cette ordure.

L’année dernière, il partit dans son pays pendant 5 mois, et je me suis dis que peut-être ce cauchemar était terminé. Pour essayer d’oublier, je suis tombé dans l’anorexie, je me disais que si je changeais physiquement, quand je me regarderais dans la glace, je ne verrais plus la pauvre fille soumise mais quelqu’un d’autre. J’ai perdu à peu près 30 kilos mais rien n’a changé au fond de moi, je me voyais toujours comme avant. Et puis après il est revenu et tout a recommencé. Mon seul allié que j’ai pu trouver sur mon chemin depuis 6 ans, c’est l’alcool. Je bois tous les jours, pour avoir des moments ou je ne pense à rien, ou je ne me souci de rien. Maintenant je suis partagée entre l’envie de mourir et celle de lutter encore un peu. Si je suis encore là aujourd’hui, c’est parce que je ne veux pas faire de mal à mes proches et je pense aussi beaucoup à tous ces gens qui sont malades et condamnés à mourir, alors qu’ils voudraient vivre.

Mais j’en marre de mentir à tout mes proches pour cacher ma vrai vie. J’en ai marre de devoir trouver une excuse à chaque bleu quand je rentre chez moi. Mes parents me prennent plus pour une fille très casse cou plutôt qu’une fille fragile. Dé fois, je me dis que peut-être ils refusent de voir et d’essayer de me comprendre. J’ai tellement honte de ce que je suis aujourd’hui, je me sent si sale, humilié, trahi.

 

Suite à la réception de ce témoignage, j’ai eu quelques correspondances avec Enora:

 

BonJour Enora,

Je suis profondément touchée de lire ton témoignage… J’ai beaucoup de compassion pour ce que tu vis présentement… Tu sais… je crois sincèrement que tu peux trouver la force en toi de dénoncer cet homme qui te fait vivre toutes ces violences depuis tant d’années!

Vas au-delà de tes peurs et de ce chantage inhumain… Vas chercher de l’aide… et dénonces cet homme… Et si tes parents sont des parents responsables, aimants, et sauraient tout ce que tu vis… Ils t’inciteraient immédiatement à DÉNONCER CET AGRESSEUR AUX AUTORITÉS POLICIÈRES.

Tu ne peux plus SURVIVRE de cette manière… TU dois OSER te lever debout et tout faire pour te sortir de cet ENFER… de cette ENGRENAGE… Je t’invite FORTEMENT à PASSER à l’ ACTION… Arrête de penser aux autres… et PENSES ENFIN À TOI!

Je sais bien que tu as des traumatismes en toi… et c’est parfaitement compréhensible! Mais au-delà de ces traumatismes, de ces peurs, il y en toi, un lieu qui n’a jamais pu être violé… ton ESSENCE DIVINE… Dans ton Essence personne n’a pu polluer ce lieu, de force, de courage, de dynamisme de vie… Si tu as de la difficulté à sentir toute cette PUISSANCE INTÉRIEURE qui t’habite… c’est que ce sont tes traumatismes, tes blocages, tes blessures, tes peurs… qui t’empêchent d’y accéder… Reviens à toi… Retrouve ton POUVOIR PERSONNEL … Et poses des ACTIONS CONCRÈTES pour TE PROTÉGER… DÉNONCER CET HOMME… et RETROUVER ENFIN TA LIBERTÉ.

Je sais que ce que je te demande n’est pas facile… mais tu SAURAS puiser en toi tout ce qu’il faut pour DÉNONCER CET AGRESSEUR!

Je t’offre un BIG HUG de tendresse, teinté aussi de détermination et force pour AGIR…

En Communion Spirituelle de Coeur

Blanche

 

Elle me répond:

Bonjour,

J’aimerais tant la trouver cette force, mais je ne crois pas que je l ‘ai, pas plus aujourd’hui qu’il y a maintenant plus de six ans, sinon cela ferai bien longtemps que je l’aurais dénoncé. Je sais que c’est la peur de tout ce qui pourrait arriver si je le dénonce qui me bloque, mais aussi la honte, le mépris que j’ai envers moi même. Comment trouver cette puissance intérieur ? Comment trouver la force d’affronter ma plus grande peur ?Tu sais, j’ai perdu le goût de la vie, cela fait bien longtemps que je ne vis plus pour moi mais pour les autres. Si j’étais seule, c’est la mort que j’aurais choisi, car je crois qu’il n’y a qu’elle qui puisse me délivrer de tout ce mal et je n’aurais plus besoin de me battre contre quoi que soit, je serais enfin LIBRE. Un bien grand mot qui est si loin de moi. J’en ai marre de courir après la vie alors que la mort me tend la main. Je suis vraiment fatiguée de se combat interminable.

Je te remercie d’avoir pris le temps de me répondre.

Bises

 

Chère Onora,

Il m’a fait un réel plaisir de te répondre… J’espère tu pourras aller au-delà de ces peurs qui t’habitent et que tu oseras retrouver ta liberté… Cette grande fatigue qui t’envahie est liée à ce combat intérieur pour cacher ta réalité… Lorsque tu choisiras de sortir du silence… tu verras émerger en toi un regain d’énergie…une nouvelle espérance… et une nouvelle vie commencera pour toi… À toi d’AGIR… car personne ne peut le faire à ta place… Pour une fois dans ta vie… CHOISIS-TOI!

Il doit bien avoir près de chez toi un centre de femmes où tu pourras aller chercher de l’aide, du soutien…

Je t’envoie une belle énergie de tendresse.

Big Hug!

BlancheXX