Voici un magnifique témoignage! Sa lecture m’a très ému… Je souhaite que de nombreuses mères touchées par l’INCESTE, aient la chance de lire ce puissant partage. Peut-être qu’à leur tour, elles pourront faire naître une BELLE RÉCONCILIATION avec LEURS PROPRES ENFANTS. Ceux qui ont été blessés, délaissés, rejetés… par ce fléau sournois qui divise… et détruit nombre de familles.
Merci Natalie de ta grande générosité! Blanche
MA MÈRE, MON MIROIR
Enfin nos masques tombés…
Le 14 mars 2002
Il y a bientôt 2 ans, j’ai avoué à ma mère l’inceste que mon père m’a fait subir dès l’âge de 9 ans. À ce moment-là, je m’attendais à un autre refus d’y croire ou de me rejeter comme elle l’a fait dans le passé. Mais à ma grande surprise, elle m’a cru cette fois. À 12 ans quand je l’avais dit, elle ne m’avait pas cru, alors je m’attendais bien sûr à cette même réaction. Mais non cette fois, elle me croyait….. ENFIN!
Depuis ce jour, je croyais que ma relation avec elle avait changé. Car je croyais que le fait de me croire, m’apportait une délivrance… mais je me trompais… Bien sur, je fûts soulagée de savoir que j’avais dit ce que mon père m’a fait… et qu’elle me croyait… Mais je continuais de porter un beau masque. Le masque de renier ce que j’avais ressentis à son égard, la colère et la haine que je lui ai portée, sans jamais lui avoir dit. Puis au fil du temps, je continue mes démarches en thérapie pour me libérer de l’inceste et les ravages que mon corps avais subis. Mais jamais je ne parlais vraiment de ma mère, je me sentais bien trop coupable de lui avoir porter des sentiments de haine. Je me disais : « Ben voyons ça ne se dit pas ces choses-là… après tout c’est ma mère ».
Jusqu’au jour ou j’ai entrepris une nouvelle thérapie, celle où je dois intégrer mes blessures profondes avec Blanche. AH! Alors là, je me suis surprise de voir à quel point, j’avais de la colère en moi et que jamais je n’avais été capable de prendre ma vraie place dans cette famille et auprès de ma mère. Ce fût très douloureux pour moi d’intégrer ces émotions car je me sentais coupable… J’avais surtout peur… Car elle, ma mère a une manière bien à elle de manipuler et de rejeter le blâme sur les autres… Devant elle, je me retrouvais comme une petite fille perdue, démunie, pleine de peurs… Une petite fille qui a vécu le rejet et le manque d’amour de cette femme. Alors il m’a été difficile de lui dire pour mon père en plus qu’elle ne m’avait pas cru à 12 ans, mais de lui dire à elle ce que j’ai vécu et ressentis face à elle… Je ne m’en serais jamais cru capable. Mais le travail que je fais en thérapie et toutes ces peurs que je traverse au fil des jours, on fait en sorte que j’ai pu faire face à ma mère.
Au retour de ma thérapie en voiture, j’ai beaucoup d’émotions de peur et de colère entremêlées… De la peine à la force aussi. Je me sens puissante prête à défoncer un mur et je me dis à voix haute : « LÀ, C’EST ASSEZ… Veux-tu être toi-même et guérir… ou passer ta vie à porter des masques et à souffrir… » J’ai choisi d’être moi et de libérer mon corps de cette emprise que ma mère a eue, et avait encore sur moi. J’aurais fait n’importe quoi pour qu’elle m’aime et pour ne pas qu’elle me rejette… Mais j’ai compris que c’était la petite fille en moi qui avais cette peur-là et que si je voulais grandir… Je devais faire face… Alors je l’ai fait…
Je me lève à 6:00. Je sais que ce sera aujourd’hui que j’irais la voir… J’ai très mal à l’estomac. J’ai peur… Et je me sens petite… Mais en même temps, je me sens forte et capable d’y arriver. En route pour me rendre chez elle, j’ai les mains moites. Le cœur me bat très fort et j’ai du mal à respirer. Je me parle… Je parle à la petite fille en moi. Je la rassure… Et finalement je suis là.
Je cogne et j’entre… Elle demande : « Qui est là? » Je lui réponds : « C’est moi Natalie ». Sa réponse fût :« Mon Dieu! Je croyais que t’étais morte… Ça fait assez longtemps qu’on t’a pas vu… ». Cette phrase a été comme une révélation pour moi tout de suite j’ai répliqué en lui disant : « Ben justement, c’est pour ça que je suis là… ». Et j’ai commencé à lui dire pourquoi je ne venais plus la voir et comment je me suis sentie face à elle, durant toutes ces années. Et que je venais éclaircir et me libérer de cette emprise. Il n’y a pas eu de cris, mais ma colère a sorti d’une façon spontanée. Je me sentais forte. Plus je parlais… Plus je libérais et plus je me sentais grandir. À ma grande surprise, ma mère ne m’a pas rejeté… Elle était complètement démunie, abattue devant moi. À un certain moment, je me suis dite: « OK, je vais arrêter. Elle en a assez… » Puis je me suis tout de suite dite: Hey! Ça fait assez longtemps que tu étouffes… Alors libères-toi complètement ». J’ai continué… Et elle n’a même pas répliqué… Elle m’a accueilli dans tout ce que je lui disais… Même si ça lui faisait mal. Tout ça a duré, environ 2 heures 30.
Cette femme que je voyais maintenant avec mes yeux de femme et non celle de petite fille blessée. Ma révélation à ce moment-là, a été très forte. Cette femme-là, c’est ma mère… c’était mon miroir! Tout ce que je voyais d’elle… Je l’ai vue aussi en moi. Ce fût un moment unique et intense. Tous mes masques tombés… J’ai pu voir les siens et ressentir aussi sa souffrance. À ce moment-même, je l’ai regardé dans les yeux et je lui ai dit: « MAMAN, JE T’AIME. » C’est une sensation d’une liberté au niveau de mon cœur et de tout mon être que j’ai ressenti à ce moment-là. Puis, elle nous a fait une tasse de thé, et nous nous sommes installées l’une en face de l’autre. Chose qu’elle n’a jamais fait… Elle me parlait… Pas de la pluie ou de n’importe quoi… Elle me parlait d’elle… de sa vie et elle s’ouvrait à MOI. Elle m’a confié des choses qu’elle n’avait jamais parlé de sa vie. Elle vivait aussi avec de lourds secrets… Tout comme moi j’avais vécu… Elle m’a dit: « Nat, tu es courageuse. Ce que tu fais pour guérir… Y a ben du monde qui voudraient le faire mais qui ne le font pas ». Je lui ai répondu: « Tu sais maman dans la vie on peut choisir même si c’est difficile. On a le choix de vivre ou de survivre ». Alors les masques tombés, nous avons décidé d’essayer ensembles de s’apprivoiser et de vivre une relation d’adultes tout en se respectant. À mon retour, en roulant en voiture sur la route, je me sentais libre. Je me sentais grande….. Alors je me suis arrêtée et j’ai crié… crié… crié… OUI À LA VIE… Enfin, je me suis libérée d’une souffrance et j’ai pris ma place. Et mieux encore… Elle m’a accueilli… J’étais consciente qu’elle pouvait me rejeter, mais la vie m’as donné ce beau cadeau alors: « OUI ! MERCI MON DIEU… ! MERCI! »
Face à elle, je me sens grande et je ne ressens plus cette peur qui m’habitait… Alors pour moi, c’est une étape très importante! Et je peux enfin ÊTRE ET EXISTER.
Merci Blanche pour me guider et pour avoir cru en moi… Merci de me laisser ÊTRE simplement et de m’accueillir dans mes souffrances et ma vulnérabilité. Merci de me guider vers la libération… vers le chemin de ma GUÉRISON.
NATALIE! XXX