ABUS SEXUEL
DÉTECTER, PROTÉGER, SOIGNER
La plupart des auteurs d’abus sexuels NE sont PAS des étrangers ; leurs victimes les connaissent.
N’importe qui peut commettre des abus sexuels : un parent, un beau-père ou une belle-mère, le ou la partenaire du père ou de la mère, une tante, un oncle, un grand-parent, un frère, une sœur, un cousin, une cousine, une gardienne, un entraîneur, un instructeur, un voisin, une personne qui va à votre église ou dans un autre endroit à connotation spirituelle.
Régulièrement, à l’intérieur ou à l’extérieur de ma salle de travail, j’entends de nombreux témoignages, des tranches d’enfance lointaine. J’ai constaté que certains gestes tels la petite tape sur les fesses d’un oncle, d’un grand-père ou un léger attouchement aux seins passent pour des gestes anodins, inoffensifs et plus souvent aux yeux de la famille comme si c’était « normal ». Même si dans la plupart des familles incestueuses, la pudeur est de mise, dans d’autres, ces gestes indécents sont faits naturellement en toute liberté et ne suscitent aucune réaction. Les mal-aises que l’enfant ressent, sont immédiatement refoulés au fond de leur corps. Ce refoulement est le matériau de base avec lequel construiront peu à peu leur propre carapace. [1]
Combien de fois, j’ai entendu des discours de crainte et de répugnance d’arriver au Jour de l’An ou d’une autre fête, sachant qu’il seront obligés de donner des becs à des oncles , des grands-pères ou autres hommes de la famille qui attendent impatiemment ces moments pour profiter de l’enfant ou l’adolescente.
Tout ce que j’énumère, je l’ai moi-même vécu, je peux donc saisir parfaitement ce que ces personnes ont pu vivre intérieurement. La confusion, le dégoût, le sentiment d’impuissance, la « figitude » (être dans un état figé, apeuré), déconnecté de notre corps, etc.
Il n’était pas rare de voir des hommes de la parenté mettre leur main dans l’entre-jambe des garçons ou encore pincer les seins des filles passant ce geste comme une « joke »
Il n’y a pas que ces gestes qui sont abusifs, les paroles ou les regards à connotation sexuelle est aussi abusif. Je me rappelle que mon oncle paternel, me disait que j’étais la plus belle de la famille. Il me regardait d’un air déplacé… me sentant déshabillé sous ses yeux. Ces regards et ces paroles me rendaient vraiment mal à l’aise. Aujourd’hui, je SAIS que c’était aussi des abus sexuels. D’ailleurs, ce même oncle m’a agressé plusieurs fois.
Il y a eu ce chauffeur d’autobus aussi… À l’époque, dans les années 60, je demeurais dans un rang, à la campagne. Je croyais que ce chauffeur m’aimait bien pour me faire la faveur de rester avec ma cousine dans l’autobus tout le long du trajet pour la reconduire au bout du rang au lieu de me débarquer avant comme à l’habitude. Toutefois, après avoir déposé ma cousine et tous les autres enfants, il a stationné l’autobus sur le bord de la route et m’a agressé… J’étais naïve et déjà perturbée par tous les autres abus sexuels sexuels au sein de ma famille et de ma parenté.
«40% des agressions sexuelles chez les enfants sont commises par la famille très proche, et c'est encore plus le cas chez les jeunes enfants. Dans 60% des cas, l'agression a été faite par un membre de la famille élargie et dans 80% des cas, c'est quelqu'un de bien connu par l'enfant. C'est pour cela que si on a un doute, il ne faut surtout pas attendre de faire un signalement à la DPJ»,
Mélanie M. Gagnon, coordonnatrice du développement de l'expertise au Centre d'expertise Marie-Vincent.
L’état de choc, l’effet de surprise et la sidération
L’abus sexuel surprend l’enfant dans son innocence et produit chez lui un véritable cataclysme, le perturbant et créant profondément une faille dans son intégrité.
Lors des attouchements où la sensation d’urgence et de danger peut être ressentie comme moins grave, les atteintes sont donc plus sournoises , car l’état de stress et de panique est souvent moins important. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles ces formes d’abus sont banalisées autant par le corps médical ou tout autre professionnel , que par l’entourage ou parfois, par la victime elle-même. Pourtant, on constate que l’état de sidération et de dissociation se produit tout de même. L’effet de surprise devant l’anormalité de la situation, doublé d’un intense malaise dû à la honte et au sentiment de culpabilité, produit ce même résultat, celui qui fige la victime dans l’absence de défense ou de fuite. Les personnes abusées parlent d’un sentiment d’irréalité doublé d’une impression d’être spectatrices de l’événement. [2]
Un abus c’est aussi malheureusement très souvent une situation abusive . Dans l’étude de Kempe et Kempe (1985), les cas d’inceste (plus de 50% des situations rencontrées des entretiens de recherche) ne se produisent que très rarement dans un environnement social sain. On se pose même la question à savoir si c’est l’inceste qui crée la situation ou si c’est la situation qui crée l’inceste ou encore s’ils se développent en co-construction. Les abus recouvrent un éventail très large de pratiques et qu’il y a donc différents degrés d’abus sexuels. Il est donc difficile de quantifier l’abus sexuel. qu’il soit possible de dire que parce qu’une personne a été victime d’une pénétration anale, elle va forcément vivre son abus comme plus difficile qu’une personne ayant été victime d’attouchements, ceci parce que le danger n’est pas lié uniquement à l’acte lui-même, à l’événement réel, mais également à la manière dont la personne vit cet événement et à la réaction de l’entourage. [3]
Il est donc important de reconstituer le schéma spécifique et graduel de l’abus sexuel. Il existe différentes catégories d’abus sexuels d’enfants. La progression des événements dans une relation incestueuse est différente de la dynamique observée par un abuseur étranger. En relation avec le contexte et les circonstances, il existe différents types de scénarios d’abus sexuels qui comprennent toute une installation (des gestes anodins, attouchements ponctuels), une progression graduelle, une confirmation par des gestes sexuels plus précis, une gradation de nature sexuelle, un dénouement et une éventuelle révélation. [4]
PRÉVENTION DES ABUS SEXUELS
Les parents doivent :
- Choisir avec soin les personnes chargées de la garde de l’enfant.
- Faire attention aux adultes qui semblent TROP intéressés à vos enfants.
- Prendre l’habitude de demander à vos enfants ce qu’ils ont fait à l’école, à la garderie, au camp.
- Savoir avec qui leur enfant passe leur temps.
- Se renseigner sur la façon dont les personnes qui s’occupent de leur enfant sont choisis (personnel de garderie, animateurs, instructeurs, entraîneurs).
- Se présenter aux adultes ou adolescents qui travaillent avec leur enfant.
- Enseigner à leur enfant la différence entre les « bons » et les « mauvais » touchers.
- Apprendre à leur enfant à dire « non », même à une personne qu’il connaît bien, s’il se trouve dans une situation non désirée.
- Établir une bonne communication avec leur enfant, et l’encourager à leur mentionner si quelqu’un lui fait des avances qui le rendent mal à l’aise.
- Expliquer la différence entre les bons secrets (qui rendent heureux) et les mauvais secrets (qui font mal en dedans).
- Enseigner à ne pas accepter de cadeaux des étrangers et à ne pas les suivre quels que soient les motifs et les circonstances.
Encouragez vos enfants à se fier à leur instinct - ne pas les obligez à embrasser quelqu’un s’ils ne se sentent pas à l’aise même s’il s’agit d’un proche parent . La confiance en leur instinct peut constituer leur meilleure défense lorsqu’ils sont livrés à eux. Ne négligez pas ce qu’ils disent. Écoutez-le… Si un enfant dit : « J’ai peur », ne répondez pas : « Ne sois pas idiot. » Demandez-lui de quoi il a peur et jusqu’à quel point il a peur. Aidez-le à comprendre son instinct. Se qui se vit en lui.
DÉCLARATION DES DROITS DE L’ENFANT
Quand tu te sens menacé, tu as le droit de:
- Te fier à tes instincts ou tes sentiments.
- T’attendre à ce que l’on respecte ton intimité.
- Refuser les touchers et l’affection non-voulus.
- Refuser les demandes et les exigences inappropriées des adultes.
- Refuser de donner des renseignements qui pourraient compromettre ta sécurité.
- Refuser les cadeaux.
- Être impoli ou non-serviable si la situation le justifie.
- Courir, crier, faire du bruit.
- Te dégager si quelqu’un te fais des avances non-désirées.
- Demander de l’aide.
PORTER ATTENTION À CES SIGNES
Cauchemars, pleurs, pipi au lit, dépression, isolement,
crises de nerfs
SURTOUT S’ILS SONT FRÉQUENTS!