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SE PROTÉGER DES DROGUES DU VIOL


DROGUES DU VIOL - VIGILANCE!

Comment se protéger des agresseurs qui se servent de drogues pour arriver à leurs fins?  La première à faire, instaurer la VIGILANCE en s'informant... en observant notre manière d'agir avec les autres, ainsi que notre capacité à se protéger d'éventuelles agressions.

 

 

Nous savons que les agresseurs sexuels utilisent différents moyens pour contraindre leur victime, comme leur force physique, le chantage ou la manipulation, et d'autres fois, ils utilisent des substances chimiques (drogues, alcool ou médicament) pour bien s'assurer que celle-ci ne puisse réagir...  se défendre... s'opposer....  

 
Principales drogues du viol 

Il existe environ une quarantaine de substances qui sont utilisées à cette fin, en voici les plus fréquentes :  

Alcool :  première drogue utilisée pour contraindre une autre personne.

GHB (drogue du viol, GH, liquid ecstacy, liquid X, fantasy, scoop):  sous forme de poudre, de liquide, de capsule ou de granulés à dissoudre.  Dissout dans un verre de boissons alcoolisées, il est très difficile à détecter, puisqu’il n’a ni odeur ni saveur (seulement un très léger goût salé et savonneux).

Ses effets:  15 ou 20 minutes suivant l'administration, les principaux symptômes sont:  sensation d'avoir trop consommé d'alcool,   perte de vision et d'équilibre, perte de contact avec la réalité, bouffées de chaleurs, frissons, nausées, altération du jugement et perte de conscience, sensation de calme ou d'euphorie,  absence d'inhibition, confusion, perte de mémoire.

Suite à ces effets, il est possible de tomber dans un état confusionnel, d'amnésie et comateux pouvant aller jusqu'à la mort. De façon générale, la victime se réveille dans un environnement, une situation ou un sentiment qui laisse croire qu'une agression a eu lieu. Cependant, la victime est incapable de s'en rappeler. Il est fréquent d'observer que le dernier souvenir présent est souvent la consommation d'une boisson.  À l'instar de la plupart des drogues, le GHB est plus dangereux lorsqu'il est consommé avec de l'alcool ou d'autres substances.   Toutefois, les  effets de cette drogue ne s’arrêtent pas là.  Les traces du GHB dans l’organisme disparaissent au bout de 12 à 48 heures.  Et généralement,    la victime ne se souvient de rien, alors  comment poursuivre le violeur ? Même si le GHB est bien connu des services de police, il s'avère difficile de  prouver le viol.   Si la victime s’y prend suffisamment vite, il est possible d’arrêter le criminel.  Même, sans traces de GHB dans l’organisme dû à la rapidité de dissolution, il est maintenant possible de faire des tests d’ADN pour identifier le coupable.     La vitesse de réaction est donc primordiale Le dépistage de ces substances dans le corps doit se faire rapidement puisque les traces d’une consommation disparaissent souvent en moins de 24 heures.

Kétamine (spécial K, vitamine K, ket, ketty, ké.): sous forme de comprimés ou de capsules.  Ce n'est pas un barbiturique. C'est un anesthésique dissociatif à action rapide qui est utilisé chez les animaux et les humains.

Ses effets:   L'État d'euphorie que procure la kétamine est parfois appelé K-hole. Selon les consommateurs, il s'agit d'hallicinations profondes, dont des distorsions visuelles et le sentiment d'avoir perdu à la fois notion du temps, bon sens et identité. La durée de cet état varie entre une demi-heure et deux heures, mais les effets de la kétamine se prolongent jusqu'à 24 heures.

Rohypnol (la rocha, roche, ropes, roofies, roples, ruffles, rophies):  comprimé blanc, un peu plus petit qu'une aspirine.10 fois plus puissant que le Valium. Les prédateurs sexuels en font une poudre en les broyant pour accélérer la dissolution. Le Rohypnol liquide est rare.

Ses effets:   20 ou 30 minutes après l'avoir consommé, la victime ressent les effets du Rohypnol.  Elle devient somnolente, étourdie et désorientée. L'effet est très semblable à l'état d'ébriété. Le Rohypnol compromet le langage et certaines capacités motrices comme l'équilibre et la coordination. Les dangers pour la santé augmentent lorsque cette substance est mélangée à l'alcool : les risques de coma et de décès sont réels. Un grand nombre de victimes affirment ne pas pouvoir se rappeler ce qui leur est arrivé et ce, pour de longues périodes (de 4 à 10 heures). C'est généralement cette période que choisit le prédateur pour agresser sa victime. 

Autres benzodiazépines (Xanac, Lectopam, Rivotril, Valium, Ativan, Sérax, Halcion, etc.): comprimés de différentes tailles et couleurs.
 

Statistiques (2012)

  • Au Québec, près de 15% des agressions sexuelles raportées, seraient reliées aux drogues du viol. 
  • 56 % des agressions ont lieu au domicile de la victime ou de l'agresseur. 
  • À Montréal, 60% des victimes d'agression sexuelle sont des femmes âgées de 14 à 24 ans qui dans 70% des cas avaient consommé, volontairement ou non, de l'alcool mélangé à des drogues comme le THC (mieux connu sous le nom de cannabis), la cocaïne ou des amphétamines (comme l'ecstasy ou le MDMA). 
  • Pascalle Poudrette, directrice du Bureau d'intervention en matière de harcèlement de l’Université de Montréal (BIMH) rapporte que les signalements ont déjà doublé depuis l’automne 2012. «Par an, en moyenne, cinq personnes nous appellent pour nous dire qu’elles ont été victimes du GHB. À l’heure où l’on se parle, on est déjà à une dizaine de cas confirmés», déclare la directrice du BIMH. La drogue du viol serait en augmentation dans les bars de la métropole, ce qui expliquerait le nombre de cas déjà répertoriés par l’université. «Nos étudiants sortent en ville pour prendre un verre. »
  •  En Estrie, le service de police a enregistré 63 crimes à caractère sexuel, le nombre le plus élevé durant les 9 dernières années.  Une augmentation du nombre d’agressions sexuelles commises sur le territoire de Sherbrooke. Le CALACS de l'EStrie effectuait 105 suivis individuels auprès des femmes, pour un total de 938 rencontres.
  • Au Saguenay, les intervenantes du Centre d'Aide et de luttes  contre les agressions à caractères sexuels (CALACS), la Maison ISA, constate une augmentation importante. Elles ont enregistré depuis un an 10 demandes d'aides dans des cas de drogue du viol. Dans les dernières années, la maison d'aide recevait plutôt une ou deux demandes chaque année. Les femmes de 35 ans et plus seraient plus touchées par ce crime.

Les intervenantes du CALACS Entre ELLES de Roberval dit avoir peu de statistiques officielles mais beaucoup de témoignages lors de sensibilisation sur le sujet et quelques demandes d'aide dans nos organisations.  Ils ont observé sur le terrain que:

  •  Le manque important de connaissance de cette problématique se traduit par  l'expression de nombreux préjugés de la part de la population en générale ainsi que d'une non reconnaisssance des risques et des dangers associés aux drogues du viol;
  • Les femmes ne sont pas en mesure de décoder les signes d'une éventuelle intoxication et de prendre les moyens pour se protéger entre elles;
  • Les hommes ne saisissent pas bien la gravité, la  dangerosité  et l'illégalité d'utiliser les drogues du viol dans le but d'avoir un rapport sexuel et d'autres parts, qu'ils peuvent réagir et intervenir auprès de ceux qui projettent de les utiliser;
  • Les resto-bars sont des endroits où il est possible d'être victime de cette intoxication. L'ensemble du personnel sur place doit être informé, sensibilisé et outillé pour reconnaître une éventuelle victime ou un éventuel agresseur et agir pour la protection de sa clientèle;
  • Les personnes intoxiquées et agressées, ont peine à aller chercher de l'aide.  Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette attitude tels la culpabilité, la honte, le doute, la peur et l'absence de souvenir; 

Capsule vidéo de la campagne de sensibilisation sur les drogues du viol  par créée par  CALACS Entre Elles en collaboration avec les travailleurs de rue du Lac-St-Jean

 

Des victimes sortent du silence

Témoignage de G.B.   Une plainte déposée... puis enlevée... Malgré le sperme sur sa jupe... pas assez de preuves. Ces démarches se sont déroulées en 2000.

Jacqueline Houle et Mélanie Lemay , violée à 17 ans par joueur de football d'une équipe collégiale qui lui a dit en pleine face qu'il l'avait violé... Il est parti à rire et lui a dit : « Tu vas faire quoi maintenant?  Tu l'sais j'ai tous les pouvoirs... J'suis un gars de football...»

Andrée Watters dénonce la drogue du viol
Une de ses amies a été violée, battue et abandonnée dans une ruelle près du bar. Elle précise que la soirée, organisée avec des collègues et des amis dans un chic bar, se déroulait à merveille jusqu’à ce que quelqu’un se présente avec un plateau de shooters. Après en avoir bu un, la jeune femme a complètement perdu la carte.

 

Précautions à prendre

Recommandations pour réduire les risques d'agression:

  • Surveillez toujours votre verre et gardez-le avec vous lors de vos déplacements.
  • Ne consommez pas votre verre qui a été laissé sans surveillance.
  • Refusez toute consommation qui vous est offerte et dont vous ne connaissez pas la provenance.
  • Lors de soirées privées, ne consommez que les boissons qui sont dans des contenants fermés (bouteilles de bière non débouchées).
  • Être prudent si la boisson a un goût salé ou de plastique brûlé et si elle est de couleur différente (bleu ou verte)
  • Un ami vous invite à une soirée privée et vous ne connaissez pas les gens de l'endroit. Les hôtes vous offrent un verre de punch. Refusez avec politesse, car vous ne savez pas ce qu'il contient.
  • En cas de malaise, faites-vous reconduire par une personne de confiance ou si vous craignez, appelez un membre de votre famille ou composez le 9-1-1.
  •  Refusez tout raccompagnement avec une personne avec laquelle vous n'êtes pas à l'aise.
  • Gardez toujours un peu d'argent pour payer vos consommations et pour prendre un taxi à la fin de votre soirée.
  • En cas de malaise, étourdissements, nausées, avisez immédiatement une personne de confiance qui pourra vous aider et vous protéger.
  • Le plus possible, demeurer avec les ami(e)s avec qui l’on arrive et repartir avec ceux-ci
  • Portez une attention à vos amis dont le comportement change et qui semblent plus ivres qu'ils ne devraient l'être par rapport au nombre de consommations prises.
  • S'il y a comportement inhabituel, agissez, prenez soin d'eux et si vous avez besoin d'aide, demandez l'assistance de quelqu'un de confiance ou faites le 9-1-1.
 

Apporter assistance à une personne qui:

-   semble saoûle alors qu’elle n’a pas bu beaucoup d’alcool.

-  a un regard qui semble fixe et « vide ».

-  ne résiste pas aux avances d’un gars, même lorsqu’il la « tripote » ou l’embrasse.

-  ne parvient pas à dire « non » et accepte tout ce qu’on lui demande. 

 

Sources:
CALCACS Entre Elles
CALCAS de Charlevoix
CALACS, La Maison ISA
CALACS Trois-Rivières
Drogue du viol: augmentation des agressions, Le Quotidien, avril 2012.
Les principales drogues du viol, Service de police d'Ottawa.
Le GHB : la drogue du viol, Québec Presse, 2009.
Le GHB n'est pas le seul coupable, TVA nouvelles, septembre 2011
Agressions sexuelles et drogues du viol: un phénomène méconnu. Dépliant du CDEACF
Les signalement liés à la drogue du viol par les étudiantes de l'Université de Montréal sont en forte hausse,  Le Huffington Post Québec, Février 2013.