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Témoignage de la petite Sandra #3

 

Dialogue avec la petite et la grande Sandra

J’aimerais vous avertir que ce témoignage peut être difficile à lire… à accueillir tel qu’il est… Certains mots peuvent choquer certaines personnes… À celles-ci, je leur dis: «Soyez indulgents!» Ce témoignage vient d’une expérience d’intériorisation, d’intégration… Lorsque nous intégrons de si profondes blessures, il est important et nécessaire de ne pas se censurer dans l’expression de nos sentiments, de nos émotions, dans ces paroles qui jaillissent du fin fond de notre souffrance. Nous devons accepter cette expression créatrice source de libération. Toutefois, j’aimerais apporter une clarification à ce sujet. Il est important d’être connecté à notre corps… à nos blessures… dans la CONSCIENCE DU PRÉSENT… pour que cette expérience… soit une expérience thérapeutique, intégrative. Si vous vous mettez à crier… à pleurer… à blasphémer sans être connecté.. Ce n’est pas une expérience intégrative, mais plutôt un défoulement inutile qui ne sert à rien dans votre processus de guérison. Soyez conscient de cette réalité. Un sincère merci à Sandra pour vous partager une partie de son processus de guérison. BIG HUG! Blanche

Le 9 décembre 2002

J’ai fait cet enregistrement le 14 sept, 2002. Et aujourd’hui, le 9 décembre, je ré-écoute cette expérience libératrice, mais très pénible… Et c’est l’impuissance d’une petite fille incestuée qui vibre le plus à travers moi. L’entendre hurler son impuissance, l’entendre hurler sa souffrance… C’est atroce… Mais c’est la réalité, une réalité atroce… L’impuissance fait mal, l’impuissance amène la rage… Et quand elle hurle « non non arrête », c’est à son père qu’elle dirige ces cris, qu’elles n’avaient jamais pu libérer… L’impuissance est atroce à vivre… Sandra

Bon, on est le 14 sept, y’é 17h45. Là, je m’en vas en auto. Je suis pas très très contente, j’ai pas l’goût d’aller faire ce que je m’en va faire. Je sais pas trop qu’est-ce que je m’en va faire, mais j’ai vraiment le goût de dire que j’ai pas le goût de le faire. J’ai pas le goût de le faire, mais j’ai l’impression qu’il faut que je le fasse. J’vas probablement me sentir mieux après, j’ai probablement des intégrations à faire, mais j’ai terriblement peur, pis j’ai pas l’goût, j’ai pas l’goût. Osti que j’ai pas le goût, tabarnak !

J’y va pareil, j’va me donner à fond, je vais tellement aller mieux après, mais câlisse que ça me fait chier. Sacrament. J’ai eu mal à la tête toute la journée. J’va être à l’écoute de ça, mais ostie que j’ai pas le goût. J’ai essayé de me libérer devant l’ordinateur, mais ça marchait pas, c’est des choses que j’ai besoin de dire, de vivre, pas d’écrire. Pis là, j’m’en va dans un p’tit spot qui est pomal beau là. On roule vers là.

J’ai les dents serrées, les mâchoires crispées. Je sais pourquoi. Parce que je suis en tabarnak, je suis en tabarnak osti, d’avoir à faire toutes ces câlisses d’intégrations-là. Je suis en tabarnak esti d’avoir à faire ces intégrations-là, d’avoir à passer par là, osti. Osti si mes parents y’avaient de l’allure sacrament, j’aurais pas à faire ça aujourd’hui. Câlisse. Fallait qui aillent pas d’allure. C’est pour ça que je suis en câlisse, c’est pour ça que je suis en câlisse. Ça me fait chier d’être une victime osti. D’avoir été une victime, câlisse que ça me fait chier. Moé là, câlisse, faut que je subisse toute ça comme une épaisse, c’est ça. Awaiye, vas-y, subis tabarnak ! On s’en lave les mains sacrament, on s’en lave les mains sacrament. Tu dealera avec tes affaires sacrament. C’est vos osti de problèmes de malades, de fous d’osti de pédophile, mais osti c’est moé qui ramasse la marde icitte. C’est de l’injustice, voilà ce que c’est. C’est de l’injustice, sacrament. Moé, j’ai rien faite là-dedans câlisse. Osti, c’est pas de ma faute, c’est pas de ma faute câlisse, pis c’est moi qui mange la marde sacrament. Osti qu’y’a pas de justice câlisse. Osti qu’y a pas de justice câlisse. Pourquoi c’est moi qui mange la marde ? Pourquoi c’est moi qui mange la marde ? Y sont débiles osti dans tête, sont complètement malades, capotés, je le sais pas pas, nommez-les toutes les ostis de mots, complètement malades osti, ribouldingue machin-truc dans tête. Pis c’est moi câlisse qui mange toute l’osti de marde. C’est moi qui a toutes les osti de conséquences de toute leur osti d ‘épouvantable, d’horrible osti de gestes, câlisse. C’est injuste, osti. C’est moi qui paye, CÂLISSE DE TABARNAK, SACRAMENT! C’est moi qui a tout les osti de problèmes. C’est eux autres qui ont fait les cons, c’est moi qui ramasse la marde sacrament. C’est eux autres qui ont fait les cons, c’est moi qui ramasse la marde sacrament. C’est eux autres qui ont fait les cons, c’est moi qui ramasse la marde sacrament. Pourquoi c’est moi qui ramasse la marde ? C’est ça les responsabilités, c’est faire payer aux autres ce qu’on est pas capable de régler soi-même. C’est ça qui est arrivé câlisse. Mon père avait des problèmes dans tête, osti, pas assez responsable câlisse pour régler ces osti de problèmes, faque on fait payer à qui ? À moé câlisse ! C’est moé qui paye pour ces osti de problèmes dans tête. Sacrament de câlisse. Ça me fait chier. Pourquoi c’est moi qui paye pour ses osti de problèmes de câlisse ? Pourquoi c’est moi qui paye pour ses osti de problèmes de câlisse ?

Là,c’est tough là. Je suis toute seule, je vis ça toute seule pis je trouve ça difficile. J’essaie de m’imaginer que t’es là Blanche, j’essaie de m’imaginer que chu pas toute seule, que t’es là Blanche. Je repense aux minutes qui ont suivi la découverte, je sais pas trop comment appeler ça, de l’inceste. J’étais assis, t’es assis, pis t’étais juste là devant moi, pis t’étais juste là. J’essaie de me remettre ça en scène pis de repenser. Essayer de sentir ta présence parce que j’ai vraiment l’impression que ça va être tough ce qui s’en vient. Essayer de sentir ta présence pour pas que je me sente seule. C’t’un beau paysage qu’y’a, pomal écoeurant beau paysage.

Je suis ici parce que y’a une chicane dans ma tête. Cet après-midi j’ai découvert qu’il y avait quelqu’une d’autre qui se cachait dans ma tête. Il y a la petite fille blessée, qui est à la fois dans mon ventre et dans ma tête, elle a se cache dans un petit coin d’une cellule de prison. Ici & maintenant, y’a pas de couleurs dans cette salle-là, c’est juste du noir. La petite fille est dans le coin, les genoux repliés sur son ventre, les bras autour de ses genoux. Elle a peur, elle a peur. Elle a peur parce qu’il y a quelqu’un d’autre qui est avec elle. Ce quelqu’un-là, c’est la chipie en moi, c’est cette petite fille-là en moi qui a grandi et qui est devenu une petite fille destructrice, habillée en noir, qui lance des injures. Je vais essayer de me laisser aller et d’avoir un dialogue qui pourrait se passer entre les deux. Je pense que les deux ont des choses à dire qui n’ont jamais été dites, pis elles peuvent être très méchantes. Je vais essayer de ne pas trop me juger, de me fermer les yeux, de me laisser aller dans ce qu’elles ont à dire…

La grande prend la parole…

T’es rien qu’une salope esti. T’es rien qu’une salope de tabarnak. T’es rien que bonne à baiser câlisse. T’as peur hein, t’as peur esti… moé, chu forte. Chu rendue grande hein, osti toé t’es petite. Osti j’ai un fouet ! Mâ te fouetter câlisse. J’ai pas de problèmes moé, toi par exemple t’es une osti de tabarnak hein. Tu mérites rien de moins que ce que ton père t’a fait osti. Rien de moins, parce que t’es une salope. T’es une osti de salope. T’es une petite crassure, une souillure osti, t’es complètement, t’es une osti de dégueulasse. T’es une osti de souillure, t’es de la crasse dans un bain dégueulasse. Une dégueulasserie. T’es une moisissure. T’es chanceuse que ton père daigne t’accorder un peu d’attention osti en te baisant.

Chu méchante hein. J’le sais. J’étais toi. Moi, je suis rendue grande là, mais avant d’être grande, j’étais petite comme toi, j’étais toi. J’étais toi. Je suis toi. On est comme la même personne. J’ai grandi dans cette haine, j’ai grandi dans cette terreur. Pis j’ai décidé osti que y’a pu personne qui va me faire peur. Y’en a pu un osti de câlisse qui va me faire peur. . Y’en a pu un câlisse qui va me faire peur. . Y’en a pu un câlisse qui va me faire ça. J’va leur péter la yeule, osti que j’va leur péter la yeule.

Ouais, j’le pense que t’es une souillure. T’es une souillure osti. T’as avalé le sperme de ton père, dégueulasse. Ça l’a coulé partout osti le long de ta gorge, t’en a eu plein dans face. Digne d’un film porno, osti que t’es dégueulasse. Ton père t’a fourré câlisse, pis t’a aimé ça mon osti de salope. T’a aimé ça mon osti de salope. Ton père t’a fourré sacrament, y t’a fourré sacrament, y t’a piné tabarnak. Awaiye osti, dans l’cul sacrament, y t’a piné câlisse, hein osti. Y te jouait après les tôtons, tu faisais la belle, tu faisais la belle. Tu pensais qu’il t’aimait hein ma câlisse de salope, Ha osti ! Tu pensais ben qu’y t’aimait sacrament, osti que tu t’es faite fourrer. Osti que tu t’es fait fourrée tabarnak. Dans les deux sens du mots sacrament. Osti que tu t’es fait fourrer. Tu vas te lever debout osti devant moé, câlisse, ou ben tu vas rester une crassure d’osti de souillure dans ton osti de p’tit coin. Hein, tu vas te lever debout sacrament. Awaiye, osti, lèves-toi debout pis viens te battre câlisse. Lèves-toi debout sacrament. Viens te battre osti, moé je vais te montrer comment ça marche…

La petite prend la parole…

J’aime pas ça quand tu me parles comme ça. J’me lève debout. J’aime pas ça quand tu me parles comme ça. Ça me fait mal. Moi, chu une p’tite fille. Chu une p’tite fille pis ça me fait mal quand tu me parles comme ça. Parle-moi pas comme ça. Je veux pas qu’tu m’parles comme ça. Ça me fait mal. Sais-tu ce que j’ai le goût de te faire là ? J’ai le goût de te crier en pleine face esti. Te hurler sacrament toute qu’est-ce que j’ai jamais pu hurler câlisse.

La petite hurle se crever les poumons…AHHHHHH, AHHHHHH. Parles-moi pas comme ça. J’veux pas que tu me parles comme ça. AHHHHHHH. Parles-moi pas comme ça. J’VEUX PAS QU’TU M’PARLES COMME ÇA. J’VEUX PAS QU’TU M’PARLES COMME ÇA. J’VEUX PAS QU’TU M’PARLES COMME ÇA. J’VEUX PAS QU’TU M’PARLES COMME ÇA. C’EST PAS DE MA FAUTE CE QUI EST ARRIVÉ, C’EST PAS DE MA FAUTE. J’VEUX PAS QU’TU M’PARLES COMME ÇA. J’VEUX PAS. J’VEUX PAS QU’TU M’PARLES COMME ÇA. ARRÊTE, J’VEUX PAS, ARRÊTE. J’VEUX PAS QU’TU M’PARLES COMME ÇA. J’VEUX PAS, NON J’VEUX PAS. ARRÊTE, J’VEUX PAS. J’VEUX PAS QU’TU M’PARLES COMME ÇA. NON NON NON. NOOOOON, J’VEUX PAS, J’VEUX PAS. NOOOOOON. NON J’VEUX PAS, NON J’VEUX PAS. ARRÊTE ARRÊTE, NOOOON. NOOOOOON. NON NON. NON NON NON, J’VEUX PAS ARRÊTE. NON J’VEUX PAS, NON TU M’PARLERAS PAS COMME ÇA. AHHHHHHH, ARRÊTE. ARRÊTE, ARRÊÊÊÊTE. ARRÊTE. AHHHHHH. NOOOON NOOOON. AHHHHHHHH. NON, J’VEUX PAS. NON ARRÊTE, J’ÉCOUTE PAS , J’ÉCOUTE PAS, J’ÉCOUTE PAS. NON ARRÊTE, J’ÉCOUTE PAS, J’ÉCOUTE PAS, ARRÊTE. J’VEUX PAS QU’TU M’PARLES COMME ÇA.

OSTI J’FAIS DE MON MIEUX MOÉ ICITTE. J’MÉRITE PAS ÇA TOUTES CES INJURES LÀ. MOÉ, JE FAIS DE MON MIEUX MOÉ ICITTE SACRAMENT. RIEN DE CE QUI EST ARRIVE QUI EST DE MA FAUTE OK, RIEN DE CE QUI ARRIVE QUI EST DE MA FAUTE, OK ! JE SUIS UNE ENFANT, ÇA PAS RAPPORT AVEC MOI CÂLISSE. Y’A RIEN DE CE QUI ARRIVE QUI EST DE MA FAUTE. J’MÉRITE PAS QUE TU PARLES COMME ÇA. JE NE MÉRITE PAS QUE TU PARLES COMME ÇA. JE N’ACCEPTE PAS QUE TU ME PARLES COMME ÇA. C’EST NON. OSTI, JE FAIS DE MON MIEUX MOÉ SACRAMENT. JE FAIS DE MON MIEUX ! J’VEUX PAS QUE TU M’PARLES COMME ÇA. JE NE VEUX PLUS QUE TU ME PARLES COMME ÇA. ÇA SUFFIT CÂLISSE. J’EN AI ASSEZ DE MÊME.

C’EST PAS DE MA FAUTE QU’EST-CE QUI EST ARRIVÉ. C’EST PAS DE MA FAUTE. Moi, j’étais juste une p’tite fille. Chu une enfant moi, chu une enfant moi. On fait pas ça aux enfants. C’est pas moi qui a un problème. On fait pas ça aux enfants. J’veux pas qu’tu m’parles comme ça. J’ai encore mal à tête. J’veux pas qu’tu m’parles comme ça.

Si t’étais moi quand t’étais p’tite, tu le sais que c’est pas de ma faute. Tu le sais que ça fait mal. Si t’étais moi là, quand tu me dis que je suis une salope, c’est à toi que tu le dis aussi. Sois dont un peu plus intelligente. Ça m’aide pas ben ben ce que tu fais là. Moi j’t’une tite fille. Chu une p’tite fille moi, chu une p’tite fille. Qu’est-ce que j’ai à faire là-dedans moi, qu’est-ce que je peux faire de plus osti ! Qu’est-ce que je peux faire de plus osti ! Je peux rien faire de plus, chu une petite fille moi. Chu une petite fille moi, j’peux rien faire de plus. J’fais d’mon mieux. J’va à l’école, he, j’mage, j’essaie de faire dodo. Qu’est-ce que tu veux que je fasse de plus ! J’peux rien faire de plus, moi chu une p’tite fille. Moi, chu une p’tite fille. Qu’est-ce que je pourrais faire de plus. Chu une p’tite fille moi. Chu une p’tite fille. Ahhh, chu une p’tite fille, qu’est-ce que vous voulez que je fasse de plus. Ben, j’me lève le matin comme tout le monde pis j’va à l’école. Qu’est-ce que je pourrais faire de plus. Qu’est-ce que je pourrais faire de plus. Arrête là esti de m’accuser de tous les mots. Qu’est-ce que je pourrais faire de plus. Je peux rien faire de plus que subir, me taire câlisse. Ravaler ma parole esti pis ravaler mes larmes. J’peux rien faire de plus que ça.

Y’a personne, personne, personne autour de moi à qui je peux le dire. Y’a personne qui va le croire ok. Qu’est-ce que je pourrais faire de plus. Ma mère est dans l’aut’gang. Chu toute seule de ma gang. Faque s’il te plaît, les injures vas-y doucement. J’en ai plein ma claque. Pas besoin de toi en plus, hein ! J’te remercie beaucoup ! Franchement ! T’as-tu d’jà vu pire ! T’as ben raison m’man, qu’est-ce que t’as vu de pire que toé comme mère, pis qu’lui comme père. Ouais, y doit avoir pire ! Ch’pas morte ! J’te dis…

A toff la p’tite, a toff hein ! Osti qu’a toff, osti qu’a toff. Une vraie patoffe qui toff. Osti qu’a toff la p’tite, ben là là, A N’A PLEIN SON CUL DE TOFF LA P’TITE. ÇA VA FAIRE LE NIAISAGE. Y’A BEN DES MAUDITES LIMITES À TOUTE CÂLISSE. PIS TOÉ LA GRANDE LÀ DANS L’COIN, TA YEULE. J’AI PAS BESOIN DE TOÉ SACRAMENT, FAQUE QUAND T’AURAS QUELQUE CHOSE D’INTÉRESSANT PIS DE CONSTRUCTIF À DIRE, TU LE DIRAS. EN ATTENDANT, FERME-LA. Pas besoin de t’entendre niaiser pis dire des niaiseries pareilles. Je le sais que je suis sale esti, j’le sais… Si y’avait un savon magique, je le prendrais ben. Pour l’instant, y’en a pas faque j’endure osti…

J’aimerais plus ça que tu sois de mon bord. J’chu toute seule moi déjà. Toi là, t’es une adulte. Tu veux pas être de mon bord, ta yeule d’abord !… Ouais ! …

L’affaire là, c’est que ça me fait mal… Mais je pense que j’ai fermé le robinet de la douleur. Ça me fait mal de penser à tout ça. J’ai les sourcils froncés, ça veut dire que je retiens ma douleur. J’ai encore le même mal de tête. Mes mâchoires sont relâchées, elles ont crié ce qu’elles avaient besoin de crier. Ça me fait mal. J’pensais que j’allais bien… un moment donné, ça va finir… dans 25 ans… bon, c’est fini là, je suis plus dedans pantoute… en tout cas, y’en a de sorti un peu…

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