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Témoignage de Nancy

 

Le 31 mars 2003

Bonjour Blanche…

J’ai 28 ans. Le ciel vient de me tomber sur la tête. Je viens d’apprendre que mes enfants, mes petites filles adorées, ont été victimes des abus et des atroces perversités de leur père… Mes filles ont aujourd’hui 9 et 7 ans. Voici notre histoire qui te semblera comme étant un cauchemar.

Tout a commencé en 1995, quand je me suis séparée de leur Papa, mes filles avaient alors 2 ans et 6 mois. Après 4 ans de vie commune et de violence conjugale, j’en avais assez. C’était fini. J’avais alors 21 ans. Ma séparation n’a pas été de tout repos, c’est le moins que je puisse dire. J’ai sombrée, malgré le grand soulagement que m’a offert cette décision marquante dans ma vie, dans une très grave dépression. Celui que j’appelle mon Prince Noir (pas par sa couleur de peau, mais par la couleur de son âme) avait su me faire sentir coupable de cet échec amoureux… et il a réussi à manipuler ma propre mère, sa mère et tout le monde autour de lui. Aveugle et non-consciente de ce qui se passait, j’ai demandé à ma mère de garder mes enfants pour une semaine, le temps de me réorganiser pour moi, mais d’abord et avant tout pour mes enfants. Trois jours après les vacances des enfants chez MamyLou, un signalement a été déposé contre moi à la Direction de la Protection de la Jeunesse parce que j’aurais abandonné mes fillettes tant aimées. Depuis ce signalement, mes enfants n’ont plus jamais appuyé leurs petites têtes sur leur oreillers chez leur Maman.

Un déballage de mauvaises intentions à mon endroit s’est fait… de A à Z… Oui, j’ai des torts, personne n’est parfait. Mais avec ce que j’ai vécu lors de ma jeunesse – ma mère me battait pendant les 15 premières de ma vie, m’a abandonnée pendant 5 longues années; j’ai appris que mon père n’était que mon adoptif (mais il s’est toujours très bien occupé de moi et ça ne l’a pas empêché de m’aimer comme si j’étais sienne) devant le tribunal de la Jeunesse alors que je n’avais que 14 ans; j’ai été victime d’un viol collectif par 4 hommes de peaux noires; les familles d’accueil, les centres d’accueil - et ma séparation avec mon Prince Noir m’ont fait craqué sous la pression : j’ai été diagnostiqué Trouble de la Personalité Limite Borderline, maladie qui n’atteint que 2% de la population mondiale. Il va sans dire que mon Prince Noir a sauté sur l’occasion : je me suis retrouvée avec 2 heures d’accès avec mes filles, sous supervision ! Nous sommes en 1996. Et ma mère disparaît de nouveau… pour toujours, cette fois.

Mes filles ont été placées pendant 2 ans dans une famille d’accueil qui les a abandonné au Bureau de la DPJ, un matin de 1998. La déléguée de la DPJ de l’époque nous a annoncé qu’elle voulait faire adopter mes filles ! Un autre coup dur… et une autre manipulation du Prince Noir : « Nanci, donnes la garde légale à ma mère, c’est la SEULE façon d’éviter qu’on perde nos enfants…. c’est juste en attendant que la DPJ se calme. » Je l’ai cru… et j’ai donné la garde légale de façon provisoire à mon ex-belle-mère. De 1998 à 2001, mon ex-belle-mère s’est « occupée » de mes fillettes. En 2001, elle demandait le placement de mes enfants en famille d’accueil, parce que supposément « Nanci m’a mené à bout! Je ne suis plus capable! »… Mes filles ont pris le chemin du placement jusqu’à majorité et le juge du Tribunal de la Jeunesse m’a accusé – à tort – d’avoir mené un travail de sape afin d’avoir ce que je voulais : décourager la grand-mère… et m’a retiré quelques attributs parentaux (santé, école, parascolaire et loisirs) tout en me donnant que 2 heures par mois supervisés et m’interdire de voir mes enfants pendant 4 mois pour faciliter leur « intégration » dans leur nouveau milieu de vie. Quelques mois auparavant, je lançais des signes à la DPJ. J’aurais eu une très grand panneau publicitaire que la DPJ ne m’aurait pas plus écoutée et prise au sérieux… « Il se passe quelque chose de pas normal, mes filles ne sont pas comme d’habitude » … j’avais beau leur dire, rien n’à faire.

Il y a 2 semaines, le 21 mars 2003, j’ai appris que mes enfants étaient sous évaluation d’un signalement à la DPJ depuis le 9 janvier 2003. Durant toute la période où mes fillettes ont demeuré chez leur grand-mère, leur père a abusé impunément et d’une façon plus que perverse de mes filles. La grand-mère était même au courant, mais elle nie tout, question de protéger son fils qui est âgé aujourd’hui de 34 ans, alcoolique et toxicomane. Tu dois te demander comment le signalement a pu survenir… Ma plus vieille a été surprise en train de demander à sa petite soeur de lui « lécher les fesses ». Quand la famille d’accueil lui a demandé qui lui avait montré ça, elle a répondu tout de go : »PAPA »… l’enquête de la DPJ a prouvé que PAPA avait fait de mes filles d’autres petites victimes innocentes d’inceste. Qu’il les avaient forcés à abandonner leurs jeux d’enfants pour ses jeux d’adultes. Comment un Papa peut demander à sa fille de 5-6-7 ans de lui  » lécher les fesses et le pénis » (reprise textuelle du verbatim du témoignage de ma fille aînée) et qu’il peut glissé sa main dans la culotte de son bébé de 3-4-5 ans pendant son sommeil ? Ma plus jeune, à l’âge de 5 ans, à la fin de tout ce cauchemar, a sommé son père d’arrêter car elle dirait tout. Depuis 2 semaines que je sais l’histoire, je me questionne. Le juge n’a pas vu que j’essayais de l’avertir, maladroitement je suis d’accord, mais quand même. La DPJ non plus. Je suis déçue, enragée, interrogative, inquiète, angoissée, anxieuse… je ne dort plus, je ne mange plus… j’ai envie de tout casser.

L’enquête de la DPJ est terminée et l’enquête policière commence. Mon Prince Noir fait face à 10 ans d’emprisonnement… Même si je lui en veux profondément, que je ne suis pas prête de pardonner à lui et sa mère qui est « peu protégante pour les enfants, se rangeant du côté du père » (extrait du rapport de la DPJ, signé par la délégué actuelle de la DPJ, avec qui j’ai de bons rapports); je prie pour que mon prince noir soit condamné à une sentence en institut psychiatrique en lieu et place de la prison. Les détenus en prison n’acceptent pas la violence conjugale et l’inceste. Le père de mes filles, malgré ses actes dégradants, demeure le père de mes filles. À l’âge de mes enfants, elles ne comprennent pas – elles aiment quand même Papa et Grand-Maman et je ne comprends pas pourquoi, mais la psychologie d’enfant étant ce qu’elle est… elles régressent à la famille d’accueil depuis le dévoilement de ce qui s’est passé. Je ne veux pas que nous soyons obligées, la famille d’accueil et moi, d’annoncer à mes enfants que Papa s’est « fait passé » en prison ou qu’il s’est suicidé.

J’ai de bons liens avec la famille d’accueil et le signalement qu’elle a déposé pour protéger mes enfants n’a fait que consolider nos liens. Je passe ce vendredi, le 4 avril 2003, devant le Tribunal de la Jeunesse pour une mesure provisoire de 30 jours, ce qui me donnera le temps nécessaire de me préparer adéquatement avec mon avocat à la révision qui s’en vient.

Je souhaite pouvoir enfin pouvoir dormir et manger de nouveau… et d’aimer un homme et pouvoir lui faire confiance. Parce qu’avec les dernières informations que j’ai reçu, je suis devenue misanthrope, j’en veux à toute la gent masculine et je mets tous les hommes dans le même panier. J’espère pouvoir recommencer à vivre comme femme et comme mère… ma vie s’est arrêtée, elle est suspendue à la même place que celle de mes filles. Je réclame justice pour l’intégrité de mes enfants, car leur intérêt propre passe en premier, et je crie justice pour que le Juge ravise son optique à mon endroit.

Nancy xx

 

Le 7 avril 2003

Bonjour Blanche, ici, c’est Nancy…

Merci pour la compassion que tu me démontres, elle me fait du bien. Pour ce qui est de mon témoignage, c’est pour toi, mais aussi pour ton site… ça ne me dérange aucunement que ce soit sur ton site. Comme ça les gens verraient à quel point une mère aussi peut se faire avoir dans l’inceste.

Il est certain que j’avais besoin de me cracher le coeur, ce que j’ai fait, mais c’est en lisant les témoignages sur ton site que j’ai compris que j’avais enfin une place pour ventiler toute cette histoire de fous…

Merci encore de ta compassion, elle est un baume sur mon coeur de maman non-parfaite. Merci à la Vie d’avoir eu un oeil pour lire toute ma douleur.

Nancy xxx

P.S. : Pour ce qui est de Tribunal de la Jeunesse, le 4 avril, ça bien été, la grand-mère a refusé d’avoir des accès supervisés et le père est interdit de tout contact… et pour moi, c’est le statut quo On repasse pour le mérite, la révision complète du dossier, le 7 mai prochain.

Nancy, toi en ce moment qui vit dans la douleur… je veux que te signifier toute ma compassion pour toi et tes filles. Toi qui dès ton jeune âge a vécu violence, rejet, abandon, viol… et sans que tu le veuilles… le même pattern se reproduit… Je sais bien que dans le fond de ton coeur ce n’est pas cela donc tu rêvais…

Savoir que nous avons vécu des expériences douloureuses, c’est une chose… Mais découvrir que nos propres filles vivent le même calvaire, c’est une autre chose… qui est TERRIBLE pour un COEUR DE MÈRE. BIG HUG!

Je souhaite que toi et tes filles puissent recevoir l’aide nécessaire pour vous protéger d’éventuels abus, et bien sur, que vous puissiez intégrer tous ces traumatismes qui vous grugent de l’intérieur. Par ce travail intérieur en profondeur, vous retrouverez votre pouvoir personnel que personne ne pourra plus jamais venir vous enlever… Prends bien soin de toi et de tes filles du mieux que tu peux «Ici & Maintenant».

Je vous porte dans mon Coeur. Que Dieu vous guide vers votre Chemin de Vie!

BlancheXX